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Aux temps troublés de la Fronde (1648-1653) : quand la France faillit ne jamais connaître la Monarchie absolue !

La Fronde, ses origines et ses conséquences sur le temps long : c’est un pan entier de nos programmes scolaires que nous avons tendance à davantage oublier que d’autres, et pourtant cette page riche et troublée de notre Histoire est absolument fondamentale à comprendre pour bien saisir un certain nombre de dynamiques politiques majeures (dont certaines relativement souterraines) de l’époque moderne !

Dans ce petit article extrait de ma grande série sur l’histoire (vraie) de la Bête de la Gévaudan (une histoire extraordinaire, et la plus grande énigme du règne de Louis XV), je vous propose en effet de rembobiner de près de quatre siècles notre Histoire de France pour revenir aux temps troublés de la Fronde, guerre civile trop méconnue ou oubliée de nos contemporains, et qui constitue un grand point charnière de l’histoire de France (et en particulier de l’absolutisme total dans laquelle celle-ci s’apprête à royalement entrer). En effet, si la Fronde n’avait pas échouée, probablement la France serait-elle devenue une Monarchie constitutionnelle et parlementaire à l’image de l’Angleterre de la même époque, et alors : pas de règne « absolu » du Roi-Soleil, pas de Versailles, pas de Grand Siècle, pas de Premier empire colonial français, et en dernier ressort : pas de Révolution française de 1789 !

Pourquoi les Parlementaires, les grands seigneurs du royaume et les princes du sang se sont-ils rebellés contre la Régente Anne d’Autriche et son Premier Ministre Mazarin ? En quoi a consisté la Fronde, comment s’est-elle déroulée et à quoi a-t-elle abouti sur le moyen/long terme ? C’est ce que je vous propose d’étudier dans cet article, qui vous plongera dans quelques dimensions occultes de la riche et tumultueuse histoire de France… Bonne lecture !


1648 : l’éclatement de la Fronde parlementaire

Tout commence en janvier 1648 lors d’une session au Parlement de Paris. Dans ce que l’on appelait alors un « lit de justice », la Régente Anne d’Autriche (reine de France et veuve de Louis XIII) et le Cardinal Mazarin tente de passer en force un certain nombre d’édits fiscaux auprès des parlementaires de la capitale (des officiers de robe ayant pour rôle d’enregistrer et de faire appliquer les décisions royales, dont les charges sont achetées et qui disposent de nombreux privilèges sous l’Ancien Régime – aucun rapport donc avec ce que nous appelons aujourd’hui parlementaires). La France est à ce moment depuis plusieurs années dans une situation de crise politique et fiscale. En effet, le royaume est alors engagé dans la guerre de Trente Ans, un gigantesque conflit européen où la France affronte classiquement l’Espagne dans le cadre de sa politique multiséculaire d’affaiblissement de la maison des Habsbourg :

Anne d’Autriche, pourtant fervente catholique, refuse de voir l’État soumis à l’Église, conformément aux leçons de Richelieu comme aux recommandations de Mazarin, deux cardinaux ! À leur suite, elle entend bien, malgré sa naissance outre-Pyrénées, poursuivre la guerre contre Vienne et Madrid, contre l’empereur et son cousin le roi d’Espagne. La guerre continue donc. Certes, Anne souhaite la fin d’un conflit qui coûte cher à l’État et cher aux Français (à l’artisan comme au bourgeois, au paysan surtout) soumis à une forte pression fiscale. Mais pas à n’importe quel prix. Jamais elle ne consentira à rendre les provinces ou les villes récemment conquises ou occupées. L’héritage que Louis XIII a laissé à son fils sera préservé. Elle en est convaincue : elle sauvera le royaume. Le choix de la poursuite d’une guerre coûteuse n’est pas étranger au déclenchement de la révolte ouverte en 1648 et à laquelle on a donné le nom d’un jeu d’enfant : la Fronde. Comme Louis XIII et Richelieu, Anne considère que lever l’impôt sur les peuples, même sans leur consentement, est l’expression même de la souveraineté des rois. Aussi, voir le Parlement de Paris protester contre une crue d’impôts, une taxe nouvelle, ou contre un emprunt forcé, le voir refuser d’enregistrer les édits fiscaux pour financer la guerre est assimilé à une sorte de trahison. 

Jean-François Solnon, « Anne d’Autriche : comment la mère de Louis XIV a sauvé la monarchie française », Histoire & Civilisations, mars 2022

Évidemment, la guerre coûte cher et a provoqué une hausse substantielle des impôts, mais ce n’est pas tout. En effet, en 1642, le grand Cardinal de Richelieu est mort, et Louis XIII l’a suivi à peine quelques mois après. Le jeune et futur Louis XIV étant encore mineur, depuis 1643, la France est dès lors entrée dans une période de régence, présidée par sa mère Anne d’Autriche et par le Cardinal Mazarin, ancien proche de Richelieu d’origine italienne (et qui assure la continuité de la politique centralisatrice du Cardinal avec la même fermeté, avec l’appui d’une Reine-Mère déterminée à préserver la couronne de son fils).

La régente a pris conscience de la gravité des affaires de l’État : la guerre coûteuse contre les Habsbourg, les révoltes populaires dans le royaume, les grands toujours prêts à fronder.

Jean-François Solnon, « Anne d’Autriche et Mazarin, un couple de choc au pouvoir », Histoire & Civilisations, mars 2022

Or, cette politique de renforcement monarchique menée avec poigne depuis maintenant deux décennies n’est pas du goût ni de l’intérêt des Grands du Royaume, en particulier de la haute noblesse, qui perd toujours davantage son poids dans la direction et dans l’administration du pays. De même, les Parlementaires craignent la remise en cours de leurs privilèges engagée par Mazarin, tandis que la pression fiscale (qui a triplée en vingt ans) et les disettes récurrentes (la France ne parvient plus à nourrir les désormais 19 millions de sujets qui font d’elle – et de loin – le pays le plus peuplé d’Europe !) alimentent la défiance de la population envers le pouvoir monarchique. Ajoutez à cela la propre famille du roi (en la personne de Gaston d’Orléans et des princes du sang) qui continue de comploter et de conspirer contre les Régents, et vous avez une situation explosive où Anne d’Autriche et Mazarin (deux « étrangers ») cristallisent la colère générale et voient se coaguler contre eux tout ce que le royaume compte d’oppositions (de nature aussi bien parlementaires qu’aristocratiques et populaires donc).

La tension culmine début 1648 lors de l’adoption de nouvelles mesures fiscales, moment où le Parlement de Paris entre en rébellion ouverte contre le pouvoir royal. S’ensuivront près de deux années de troubles que l’Histoire retiendra sous le nom de « Fronde parlementaire ». Troubles qui verront à plusieurs reprises la Reine et le jeune Louis XIV être obligés de fuir la capitale, et le Cardinal Mazarin de s’exiler :

Quand les magistrats du Parlement – propriétaires de leurs charges et sans aucun mandat – veulent s’élever à devenir une assemblée délibérante et créer, selon ses mots, « une espèce de république dans la monarchie », Anne, aidée de Mazarin, s’oppose aux ambitions des juges, qui entendent rogner un peu plus le pouvoir royal, jusqu’à prétendre choisir les ministres. Elle enrage devant les insultes infligées au pouvoir de son fils, « cet assassinat commis contre l’autorité royale ». Puis, prenant la mesure de la gravité des événements lorsque Paris se couvre de ­barricades en août 1648 après l’arrestation de l’impétueux conseiller Pierre Broussel, qui animait la « révolte des juges », elle finit par abandonner la sévérité face aux émeutiers et fait libérer le magistrat. Anne d’Autriche a alors compris que les moyens lui faisaient défaut – le Palais royal qui l’abrite n’est pas défendable – pour rétablir son autorité.

Jean-François Solnon, « Anne d’Autriche : comment la mère de Louis XIV a sauvé la monarchie française », Histoire & Civilisations, mars 2022

Durant ce bras de fer entre la Monarchie et le Parlement, Paris se soulèvera plusieurs fois et sera même assiégé par les troupes royales menées par le prince de Condé (souvent appelé le Grand Condé), l’un des plus brillants généraux du Grand Siècle et l’un des seuls princes de sang à être resté fidèle (du moins au début) au pouvoir royal.

NOTA BENE : les Condés sont issus d’une branche cadette des Capétiens descendant du père d’Henri IV. Sur le plan généalogique, le prince de Condé est ainsi un cousin de Louis XIV, et le premier dans l’ordre de succession de la Monarchie française en cas d’extinction de cette branche (celle incarnée par Louis XIV), après celle des ducs d’Orléans (c’est-à-dire la lignée du frère de Louis XIII, Gaston d’Orléans).

Grâce au soutien politique et militaire du premier prince du sang (le Grand Condé), et après de multiples rebondissements, Anne d’Autriche et son fils Louis XIV parviennent à négocier un compromis avec les Parlementaires parisiens (qui ont été soutenus dans leur rébellion par de nombreux puissants du royaume, de l’aristocratie de même que des Cours souveraines). Néanmoins, malgré l’accalmie revenue, une nouvelle décision de la Régence va remettre le feu aux poudres. C’est que le prince de Condé espérait obtenir en bénéfice de son soutien un rôle plus important dans les fonctions de régence, que Mazarin et Anne d’Autriche lui refuse. Humilié par cette position, le premier prince du sang entre alors dans l’opposition (au sein de laquelle figuraient déjà tous les autres puissants membres de sa famille).

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Après la Fronde Parlementaire, la « Fronde des Princes »

Sur le détail des grands acteurs de la Fronde et en particulier le rôle des Bourbon-Condé dans cette dernière, je recommande cet excellent cours en ligne partagé par l’École Normale Supérieure d’Ulm !

Début 1650, Mazarin a en fait entamé un rapprochement avec plusieurs des anciens grands frondeurs (Gondi, Beaufort, Turenne, etc.), qui se rallient ainsi secrètement au pouvoir royal. Ce jeu de « renversement des alliances » se traduit ensuite par l’arrestation et l’emprisonnement des princes de Condé et de Conti (le petit frère du premier) ; événement qui entraîne un nouveau soulèvement général de la capitale et des Parlementaires, mais aussi d’un certain nombre de grandes villes de France (en particulier Bordeaux). S’ensuit une nouvelle année d’émeutes où le Cardinal est de nouveau contraint à l’exil, tandis que les Parisiens oscillent au gré des événements entre soutien aux frondeurs et ralliement à la famille royale, notamment suite à la majorité de Louis XIV (13 ans), qui met fin à la Régence.

Libéré en février 1651 en même temps que son frère le prince de Conti, Condé est quant à lui descendu à Bordeaux, où il rallie sous sa bannière et en son nom l’ensemble de la Guyenne. Le prince signe même un accord avec les Espagnols (alors en guerre avec la France !), et promet de leur livrer un port. En réaction, Anne d’Autriche fait déplacer la Cour à Poitiers pour se rapprocher de la base de Condé (Bordeaux), tandis que brillant général Turenne (désormais repassé du côté du roi de France) va mener une guerre impitoyable aux troupes condéennes, qui perdent tour à tour le contrôle de leurs provinces (Anjou, Maine, Berry, Limousin, Saintonge,…). Après avoir manqué de capturer Louis XIV lors d’une bataille, le prince de Condé est finalement contraint de se réfugier à Paris, où ses soutiens finissent par l’abandonner les uns après les autres. Il est vrai que le jeune roi offre l’amnistie à l’ensemble des frondeurs, tandis que les Parlementaires et beaucoup d’aristocrates aspirent à la cessation des troubles qui ravagent le royaume depuis près de quatre années maintenant.

Suivi des frondeurs les plus compromis, le prince de Condé se réfugie aux Pays-Bas espagnols, et se met carrément au service de la Couronne d’Espagne (ce qui lui vaut rapidement d’être déchu de ses titres et même une condamnation à mort de la part du Parlement !). Après près de sept années passées en exil à participer à la guerre contre la France aux côtés des Espagnols, le prince de Condé est finalement amnistié par Louis XIV et revient en France, où le prince du sang récupère même l’ensemble de ses (considérables) biens grâce à une clause secrète du traité des Pyrénées.

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La Fronde : un véritable traumatisme pour Louis XIV

Un excellent opus de la série des « Points de Repère » d’Arte, qui montre bien combien la Fronde constitue, comme un certain nombre d’autres événements, un point-charnière et véritable « moment de bascule » de l’histoire de France. L’un de ces moments-pivots de l’Histoire ou un rien aurait pu faire basculer la France dans une direction (Monarchie absolue) ou dans une toute autre (Monarchie parlementaire), changeant profondément son destin !

Après la soumission des dernières villes rebelles (dont Bordeaux en août 1653), la Fronde des Princes s’achève par le retour triomphal de Louis XIV à Paris (puis quelques mois plus tard par celui de Mazarin, qui sera même acclamé par les Parisiens…). Inutile de souligner combien le jeune souverain a été traumatisé par les événements, et la portée considérable qu’auront ceux-ci sur la politique du futur Roi-Soleil. Tout au long de son règne, ce dernier n’aura en effet de cesse de chercher à mettre au pas les « Grands du royaume ». C’est tout le sens de la construction du château de Versailles et de la centralisation de la Cour, qui permettra d‘y réunir en un seul point et sous son contrôle toute la haute noblesse du pays, dont les membres se voient transformés pour l’occasion de frondeurs à courtisans. C’est toute l’ironie de ce qui fut la dernière grande révolte nobiliaire de l’histoire de France : intervenue en grande partie en réaction à la montée de l’absolutisme, la Fronde a paradoxalement suscité la forme la plus aboutie de « Monarchie absolue » que le monde allait probablement jamais connaître avec le règne du Roi-Soleil… !

De ce tour de France imposé, [Anne d’Autriche] sait tirer bénéfice pour son fils. À ses sujets, elle montre le roi et encourage ainsi la ferveur pour ce jeune monarque. Louis XIV en tire une précieuse leçon : il découvre par lui-même son royaume, comprend la nécessité de travailler à (re)cimenter l’union nationale et se familiarise avec la noblesse de province. Grâce à ce périple où le roi est en contact personnel avec ses sujets, Anne d’Autriche raffermit l’autorité souveraine. La régente a compris cette exigence : le roi doit voir et être vu. […] Devenu adulte, jamais son fils, Louis XIV, n’en oublia les leçons.

Jean-François Solnon, « Anne d’Autriche : comment la mère de Louis XIV a sauvé la monarchie française », Histoire & Civilisations, mars 2022


Zoom sur : le rôle occulte de la Lorraine, de ses princes et de Stenay dans la Fronde

En 1588, la prise de pouvoir d’Henri de Navarre (Henri IV) au détriment de la Maison de Lorraine et de ses tout-puissants ducs de Guise semblait avoir définitivement mis un terme aux prétentions légitimistes de ces derniers. Mais l’assassinat d’Henri IV par le mystérieux Ravaillac et l’arrivée au pouvoir de son fils aîné Louis XIII avait cependant rapidement ravivé leurs ambitions, la situation semblant en effet se présenter sous un jour encore plus favorable qu’au lendemain de la mort de Henri II (où Henri Ier de Guise avait œuvré pour mémoire à essayer de ravir le trône au dernier des Valois, Henri III).

Le martyr du prince lorrain, très populaire dans une fraction importante de la population, éclaboussera considérablement la légitimité du roi, et sera directement à l’origine de son propre assassinat par le moine ligueur Jacques Clément un an plus tard. Sans héritier, et l’alternative catholique à Henri IV soutenue par le parti ligueur disparaissant également dans les mois suivants (Charles Ier de Bourbon, oncle d’Henri IV), c’est finalement Henri III de Navarre qui récupérera le trône de France, mettant fin aux guerres de religion et fondant du même coup une dynastie française des Bourbons appelée à une certaine postérité… !

Rappelons quelques pièces du puzzle contextuelles méconnues ou oubliées : lorsqu’il succède à son père, Louis XIII n’a rien ni au physique ni au moral du Vert Galant (le surnom d’Henri IV). Il est bègue et de santé fragile, et ses bizarreries de comportement peuvent même parfois faire douter de son équilibre mental. Il n’a qu’une seule passion : la chasse, et la politique ne l’intéresse point. Concernant cette dernière, il s’en remettra à ses ministres (et en particulier à son brillant et ferme Cardinal) pour tout ce qui est du gouvernement.

Le jeune souverain Bourbon pose également un autre grave problème à la pérennité du royaume : son faible intérêt pour les femmes et son absence patente d’héritier. On murmure qu’il n’est point conformé pour les satisfaire et encore moins pour leur donner des enfants. Après des années de mariage, son union avec la reine Anne d’Autriche demeure stérile, ce qui semble bien faire les affaires de la Maison de Lorraine. En fait, celle-ci mise sur son frère cadet, notre fameux Gaston d’Orléans, qui non seulement joint à l’ambition politique le goût de l’intrigue et la manie de la conspiration, mais surtout a jugé bon d’épouser une Lorraine, la duchesse de Montpensier, de la lignée des Guise.

Dès lors, tout au long des années 1620 et 1630, les conspirations se succèdent pour faire monter Gaston sur le trône : Conspiration de Chalais, journée des Dupes, ou encore la fameuse rébellion duc de Montmorency que nous avons étudié plus haut. Chaque fois, l’inflexible Richelieu les déjoue, et chaque fois, ce diable de Gaston en trame une autre. Veuf, Gaston épouse à nouveau une Lorraine, Marguerite de Vaudémont (au cas où ce ne serait pas encore assez clair à certains). Louis XIII refuse de reconnaître ce mariage qui, plus de six siècles après l’usurpation d’Hugues Capet, peut donner en la personne d’un héritier sa revanche au sang royal de la « race » mérovingienne. Richelieu fait envahir la Lorraine mais le danger n’est pas écarté pour autant. Le seul moyen de le dissiper tiendrait à vrai dire dans un acte supposément simple : que Louis XIII fasse un enfant à sa femme (après 23 ans de mariage, d’aucuns pensent qu’il serait en effet grand temps… !). C’est le moment où intervient le célèbre « miracle » de la conception de Louis-Dieudonné (futur Louis XIV), par une curieuse nuit d’orage…

Intervention divine de la Sainte-Patronne du Royaume et heureux « miracle » d’une nuit d’orage ? L’histoire de la conception de l’héritier de Louis XIII sonne malheureusement à beaucoup de monde bien trop belle pour être vrai, et à vrai dire, à l’époque, personne n’est dupe. Les grands seigneurs persiflent et la rue ironise sur cette conception miraculeuse après deux décennies de mariage stérile, de la part d’un roi dont la rumeur publique prétend que la nature ne l’a hélas pas mis en capacité d’avoir des enfants… Au-delà de ses rumeurs et médisances de pamphlétaires, des arguments sonnants et trébuchants mettent très rationnellement en doute le récit royal. La preuve la plus flagrante que Louis XIV est né de père inconnu réside probablement dans la mésaventure qui survint au sieur Marc de la Morelhie. Celui-ci, gendre du médecin qui avait accouché Anne d’Autriche et autopsié Louis XIII, aurait en effet trouvé dans les papiers de son défunt beau-père le procès-verbal d’autopsie prouvant que le roi ne pouvait avoir d’enfant. Ayant eu le tort d’être trop bavard, La Morelhie fut aussitôt arrêté par le chef de la police de Louis XIV, mis au secret, et finit ses jours en prison.

La naissance miraculeuse de Louis XIV cinq ans à peine avant la mort de son père (il était grand temps !) était une escroquerie dynastique ayant pour but et pour résultat de frustrer du trône Gaston d’Orléans. Et c’est bien ainsi qu’elle fut ressentie par l’opinion publique car presque aussitôt éclata la Fronde. « Les fameuses barricades de Paris et la formidable révolte qui se fit contre Louis XIV à son avènement au trône et qui fut soutenue par des chefs si distingués publièrent si hautement sa naissance illégitime que tout le monde en parlait. ».

Gérard de Sède, La race fabuleuse, p. 121

Dans l’Histoire de France comme d’ailleurs, il est des simples éléments factuels qui ne trompent pas, et qui disent presque tout à eux seuls. Alors que la propre fille de Gaston d’Orléans (la Grande Mademoiselle) mène le mouvement, que la révolte chasse le jeune Louis XIV et sa mère de Paris, et que Gaston d’Orléans est proclamé lieutenant général du royaume, où donc se trouve le centre nerveux de la Fronde ? Nul part ailleurs qu’en Lorraine, à Stenay.

En effet, quand Mazarin fait arrêter les princes (de Condé et de Conti), c’est à Stenay, sous la houlette de la duchesse de Longueville, qu’est mis au point le plan d’action qui va permettre de chasser le Cardinal et de délivrer les captifs. C’est à Stenay que les Frondeurs signent un traité d’alliance avec l’Autriche et l’Espagne (les deux grandes puissances de la « ligue » catholique européenne), et c’est pour défendre Stenay que le grand Turenne, lui-même du sang de Godefroy de Bouillon, va jusqu’à vendre son argenterie. C’est encore Stenay qui sera le dernier bastion de la Fronde. Et fait hautement significatif : quand Louis XIV, âgé de seize ans, sera enfin remis en selle, la première de toutes ses campagnes militaires ne consistera en rien d’autre qu’aller poser le siège devant Stenay – prise de la ville à laquelle Mazarin revenu au pouvoir tient d’ailleurs à assister en personne :

En un geste hautement symbolique, le jeune roi fait aussitôt abattre les remparts élevés en 1077 par le premier roi chrétien de Jérusalem. Qu’il y eût un secret d’importance à Stenay, on n’en saurait douter. Après le siège de la ville, Vauban, qui y avait participé, y fit des fouilles. Toute la correspondance de Vauban est conservée aux Archives historiques de l’Armée, sauf, comme par hasard, celle qui concerne ces fouilles : celle-là était encore en lieu sûr pendant la Première Guerre mondiale, conservée au château de Roeulx, dans le Hainaut. Il n’est pas certain qu’elle soit perdue pour tout le monde… Et en 1914-1918, le Kronprinz, fils de Guillaume II, qui cherchait lui aussi ce secret, avait élu résidence à Stenay, au château des Tilleuls. De Stenay, Louis XIV se rend ensuite à Tournai pour y examiner le tombeau de Childéric qu’on venait tout juste de découvrir…

« Si Louis XIV dans toute sa gloire – écrit Lenôtre – n’était pas du sang des Bourbons, toute l’histoire était à refaire. Qui se chargerait d’apprendre au Roi-Soleil qu’il n’avait aucun droit à régner et de l’inviter à céder sa place à quelqu’un autre. Mais à qui ? »

Gérard de Sède, La race fabuleuse, pp. 122-123

Concernant l’histoire et les raisons qui président à l’annexion définitive de la Lorraine au royaume de France vers le milieu du XVIIIe siècle, je renvoie les intéressé(e)s vers cet autre article du blog.

Stenay : capitale occulte de l’histoire de France ? François Ier, au moment où il l’arrachait au duc Antoine (avant que Charles Quint ne la reprenne sous Henri II), avait étrangement déclaré qu’elle était « indispensable à la sûreté du royaume de France ». Ce qui est sûr, c’est qu’en cette fin de la Renaissance, la maison de Lorraine se considère comme le réceptacle d’un sang sacré. Par Charles de Lorraine, le prétendant qu’avait évincé Hugues Capet, il coule dans ses veines un peu de ce fameux sang mérovingien. Placé à la charnière géographique et spirituelle entre le royaume de France et le Saint-Empire, la maison de Lorraine et son duché resteront à ce titre jusqu’en 1736 (date de son annexion programmée à la France) à la tête de l’ancienne Austrasie mérovingienne, certes réduite à son noyau, mais néanmoins demeurée État souverain. Une situation singulière, à la croisée des deux grands États issus de la partition de l’Empire carolingien (lui-même héritier de l’Empire franc bâti par les rois mérovingiens), qui aurait inspiré à Jean de Pange ce constat très évocateur : « la Lorraine est beaucoup moins un pays qu’une idée » …


De l’importance de la Maison de Condé et des princes du sang durant l’Ancien Régime

Au-delà de l’importance décisive de ces événements dans notre Histoire moderne, la Fronde a eu comme protagonistes principaux des personnages dont les descendants sont tout simplement au cœur de l’affaire de la Bête du Gévaudan (1764-1767) !

Sous les règnes de Louis XIV puis de Louis XV, les Condés occupent toujours le titre de premiers princes du sang du Royaume, et exercent en conséquence des charges prestigieuses et centrales dans les affaires du pays. Le prince de Condé et son frère cadet le prince de Conti auront en effet une conséquente descendance : les enfants et petits-enfants du Grand Condé se verront pour plusieurs d’entre eux unis au sang royal (notamment aux enfants bâtards mais légitimés que Louis XIV aura avec Madame de Montespan). De même concernant le prince de Conti, dont le fils deviendra l’un des plus brillants militaires du Roi-Soleil (nommé aujourd’hui le « Grand Conti », et dont le prince de Conti qui contrôle le Gévaudan de 1764 est le petit-fils).

Au début du règne de Louis XV, ce n’est rien de moins que le prince de Condé en titre (le duc de Bourbon, appelé « Monsieur le Duc ») qui occupera l’équivalent de la fonction de Premier Ministre (de 1723 à 1726), avant d’être disgracié par le jeune souverain… Notre fameux comte de Clermont, le patron de la légion de Clermont-Prince (dont les volontaires mèneront la chasse à la Bête de la fin 1764 au début de l’année 1765), est également un Condé (dont les soldats déployés en Gévaudan sous le commandement du capitaine Duhamel portent ainsi la livrée).

Les Condés occuperont aussi durant des décennies la charge de Grand Veneur, c’est-à-dire le patronage des activités de chasse à courre, probablement l’une des fonctions honorifiques les plus importantes du Royaume ! Une charge avec laquelle va ce faisant une tradition familiale à la vènerie et à la cynégétique (l’art de la chasse). Grande pratique familiale qui explique qu’au XVIIIe siècle, la famille de Condé compte parmi les plus vastes équipements et équipages de chasses du pays (et probablement les meilleurs après ceux du Roi). Nombres des membres de cette famille sont, depuis le XVIIIe siècle (époque où les Condés comptent d’ailleurs parmi les plus grands leaders protestants du Royaume) de grands chasseurs et des passionnés et experts de la cynégétique. Voyez si tout cela n’est pas, loin s’en faut, un menu détail de l’histoire qui nous intéresse ici !

Zoom sur : les princes du sang et la règle de succession des rois de France

Difficile de cerner les subtilités de la politique française de l’Ancien Régime (et ce faisant tout ce qui est sous-tendu par cette dernière) sans correctement comprendre et appréhender le concept de « princes du sang », de même que la façon dont fonctionnait la succession au trône des rois de France depuis le Moyen-Âge. Alors faisons un petit point sur le sujet.

Depuis la dynastie des Capétiens, la succession des rois de France reposait sur le principe de la primogéniture mâle. Autrement dit, quand le roi meurt, son premier successeur légitime est son fils ainé (ou le premier des fils cadets si l’aîné est déjà décédé). Puis ce sera à son tour l’aîné de celui-ci qui sera appelé à devenir son successeur, et ainsi de suite (l’aîné des fils d’un roi de France, et donc en théorie le futur roi, était appelé alors le « Dauphin », et son propre fils aîné le « Petit Dauphin »). Si le roi vivait très longtemps (comme ce fut le cas de Louis XIV), ses fils pouvaient être tous morts avant lui. Dans ce cas, le trône devait succéder en premier lieu au premier fils du fils aîné du roi. À défaut, au second fils du fils aîné du roi. À défaut, au premier fils du second fils du roi. Etcetera, etcetera (je pense que vous avez compris le principe : tant qu’il y a des héritiers mâles en lignée directe, c’est le premier sur la liste d’entre eux qui devient roi).

Jusqu’ici, ça va, c’est plutôt simple, alors prenons un cas plus exemple qui s’est présenté un certain nombre de fois : le roi meurt sans héritier. C’est-à-dire qu’ou tous ces fils et petits-fils, etc., sont morts, ou tout simplement le roi n’a pas eu d’enfants – ou bien pire : n’a eu que des filles ! (c’était le raisonnement de l’époque hein, désolé les filles… :P) Dans ce cas, on remonte la généalogie dans l’autre sens, et l’on va chercher du côté des frères du feu roi – s’il en a eu. Si c’est le cas, le trône va au frère cadet du roi, ou son petit frère si celui-ci est mort. Si ces derniers sont morts mais ont eu des fils, c’est encore et toujours la même règle qui s’applique : on va chercher l’aîné du premier frère du roi, puis son cadet, puis l’aîné du second frère, etc.

Bon, et dans les cas ou tout le monde est mort ou qu’il n’y a pas eu de frères ? Eh bien dans ce cas, on continue à reprendre la généalogie et on remonte au grand-père, à l’arrière-grand-père, jusqu’à cinq générations s’il le faut. C’est arrivé plusieurs fois. Par exemple, lors de la mort du dernier roi de la dynastie des Valois : Henri III. Lorsque celui-ci fut assassiné par Jacques Clément, il n’avait pas d’enfants et les Valois ne comptaient plus aucun descendant en lignée masculine. C’est un principe fondamental de la règle de succession à comprendre : pour prétendre à la Couronne de France, vous devez descendre directement ET PAR LES MÂLES d’un roi de France ! C’était ainsi le cas des Valois, qui étaient issus d’une branche cadette des Capétiens (c’est-à-dire descendaient du frère cadet d’un roi de France, roi qui avait lui-même eu une descendance mais dont tous les descendants masculins avaient fini par disparaître).

En 1589 donc, avec le décès d’Henri III, la lignée masculine de la maison de Valois s’éteint, et suivant la vieille loi salique, c’est le chef de la maison de Bourbon, en tant qu’aîné de la plus ancienne branche survivante de la dynastie capétienne, qui devient roi de France. C’est ainsi qu’à l’époque, un certain Henri de Navarre devient le nouveau roi de France sous le nom d’Henri IV. Henri IV descend bien d’un roi de France par les mâles : son grand-père est le descendant à la huitième génération en lignée masculine de Saint-Louis ! Lorsque Henri III meurt, Henri IV était alors précisément le premier prince du sang du Royaume, ce qui va constituer une excellente transition pour vous expliquer cette fonction si particulière et si importante de la Monarchie française durant l’Ancien Régime en particulier.

Rien de tel qu’un petit schéma pour bien visualiser le fonctionnement de cette fameuse règle de primogéniture mâle des rois de France. Lorsque la lignée masculine de Philippe le Bel s’éteignit (un rapport avec la fameuse malédiction de Jacques de Molay et un fabuleux retour de karma de la part des Templiers ?), on remonta à son père Philippe III le Hardi, et on redescendit l’autre branche qui partait de ce dernier : celle des descendants mâles de son autre fils Charles de Valois. Et c’est ainsi que le trône de France alla à Philippe VI, ancêtre en lignée masculine de Henri III !

Depuis la fin du Moyen-Âge, dans l’organisation et le vocabulaire de la Monarchie française, il y avait trois grandes familles de titres très importantes : les fils de France, les petits-fils de France, et les princes du sang. Appartient aux fils de France un enfant mâle d’un roi de France. Le principe est le même pour les petits-fils. Durant l’Ancien Régime, on parle plus globalement des « Enfants de France » pour désigner les fils du roi et leurs conjoints.

Viennent ensuite (et cela a pu représenter à des moments pas mal de monde) les princes du sang : ce sont les princes et princesses issus légitimement par les mâles d’un petit-fils de France. Dit autrement, les princes du sang forment (théoriquement) l’ensemble de la descendance directe de troisième génération et plus en lignée masculine des rois de France (à condition que celle-ci soit issue d’un mariage légitime – ce qui exclue donc normalement toute la descendance fruit de relations adultérines). Tout descendant par les mâles d’un roi de France légitime (en l’occurrence d’un roi de France de la dynastie capétienne) qui n’est pas un fils ou un petit-fils de France est par définition de l’époque un prince ou une princesse du sang (cela concerne donc les arrière-petits-fils d’un roi de France et toute la lignée masculine qui s’ensuit). Ça, c’est du moins la théorie, car dans la pratique, le titre ne désigne que les princes capétiens descendants par mariage légitime de Saint-Louis (et par extension leurs épouses – qui porte alors le titre de « princesse du sang »). La famille de Courtenay, bien que descendant en ligne directe du roi Louis VI le Gros, se verra par exemple refuser le titre de princes du sang.

Il faut bien prendre la mesure de ce que peut signifier dans le contexte de l’époque une telle chose. Appartenir aux princes (ou princesses du sang) signifie que vous avez du sang de roi de France dans vos veines (sang qui vous vient de votre père, et de son père avant lui, etc.). Et être un prince du sang (surtout le premier) signifie que vous êtes apte (légitime) à occuper le trône en cas d’extinction de la famille royale. Nous l’avons vu plus haut, lorsqu’Henri III meurt, Henri de Navarre est alors le premier prince de sang du royaume, puisque son père (déjà décédé) est un descendant à la neuvième génération du roi Saint-Louis. Ainsi Henri IV devient-il le roi de France et le fondateur du même coup de la dynastie des Bourbons, qui occupera le trône de France jusqu’à la Révolution et l’exécution de Louis XVI.

Sur cette superbe chronologie des lignées royales de France entre 1270 et 1610, on observe bien les « césures dynastiques » engendrées par l’extinction de la lignée des Capétiens directs (mort de tous les héritiers de Philippe de Bel) puis de sa branche cadette des Valois à la fin du XVIe siècle. On voit également bien combien il a fallu remonter loin dans la généalogie pour opérer la succession d’Henri III (en allant chercher les descendants de l’un des fils cadets de Saint-Louis, alors la seule lignée capétienne non-éteinte par les mâles), ainsi que comment les parents d’Henri IV (jusque-là premier prince du sang) et leurs descendants sont devenus à leur tour les nouveaux premiers princes du sang du Royaume durant presque toute la dynastie des Bourbons (lignées des Condés et des Contis).

En matière de fils, petit-fils de France et de princes du sang, comme à chaque nouveau règne, les compteurs sont alors remis à zéro, et c’est le frère du père d’Henri IV, Louis Ier de Bourbon-Condé, qui devient le nouveau premier prince du sang du Royaume. Celui-ci est l’arrière-grand-père du Grand Condé, qui à la mort de son père, sous le règne de Louis XIV, avait hérité à son tour du titre de premier prince du sang. La maison de Bourbon-Condé occupera ce titre jusqu’en 1709, moment où le titre revient théoriquement au duc de Chartres (le premier arrière-petit-fils de Louis XIII qui ne soit pas fils de France). Ce seront ensuite les ducs d’Orléans (la lignée issue du frère cadet de Louis XIV, Philippe d’Orléans) qui prendront le titre de premier prince du sang, dont l’un des descendants finira même par monter sur le trône (Louis-Philippe).

Quand le premier prince du sang était le prince de Condé, il avait le droit à l’appellation spécifique de « Monsieur le Prince », son fils étant appelé « Monsieur le Duc ». Quand le titre de Premier prince du sang passa à la Maison d’Orléans, avec la mort du Prince de Condé (Henri-Jules), le nouveau prince de Condé (Louis III) abandonna le titre de « Monsieur le Prince », mais son fils aîné (Louis-Henri) conserva l’appellation de « Monsieur le Duc ». Quant aux ducs d’Orléans, premiers princes du sang, ils ne prirent pas l’appellation de « Monsieur le Prince ».

Le statut de princes du sang était ainsi extrêmement prestigieux à l’époque qui nous intéresse ici. Il faisait de vous un être de sang royal, un individu qui sans être lié (issu) directement au roi de France actuellement sur le trône, partage le même sang que lui, et bénéficie même de la légitimité fantastique de le remplacer si les circonstances devaient y conduire. Cette légitimité et ce sentiment d’appartenir pleinement à la famille royale régnante était en outre renforcée par la politique matrimoniale des Bourbons, en particulier de Louis XIV, qui maria nombre de ses enfants (légitimes ou légitimés) à des princes ou princesses du sang (en l’occurrence des membres des maisons de Condé ou de Conti – ce qui évitait d’ailleurs à ces derniers de se marier entre eux comme ils en avaient assez la coutume…). Dit autrement, dans la France de l’Ancien Régime, les princes du sang occupaient l’un des plus hauts rangs qui soit, et bénéficiaient des privilèges immenses qui accompagnaient ce statut. En plus de se voir attribuer de nombreux titres et fonctions prestigieuses (Grand Maître de France, Grand Veneur de France, Grand Maréchal de France, Amiral de France, etc.), ils jouissaient d’une certaine « immunité » politique, qui les rendaient relativement intouchables et incondamnables peu importe les abus commis. Nous verrons plus bas, dans un encadré consacré à la lignée des princes de Condé et de Conti, combien cela ne fut pas anodin…

Notez enfin que si les familles de princes du sang furent nombreuses, la plupart sont aujourd’hui éteintes en ligne légitime (lignée masculine). Néanmoins, si l’on englobe également la descendance par les femmes, ce sont probablement des milliers de Français et Françaises contemporains qui ont de l’ancien sang royal dans leurs veines (une caractéristique qui, de façon générale, constitua historiquement le terreau de la haute noblesse de nombreux pays). Si d’aucuns parmi vous se sentent l’envie d’aller vérifier leur généalogie… 🙂


Pour aller plus loin… 🔎🌎

Ce petit épisode de la série des « Il était une fois… » du blog sur l’histoire du parti dévot, de la Ligue catholique du XVIe siècle au jansénisme de l’Ancien Régime, est en fait extrait de ma grande série consacrée à l’affaire de la Bête du Gévaudan. Je renvoie ainsi les passionné(e)s de grandes énigmes historiques vers cette vaste fresque documentaire sur l’histoire incroyable (mais vraie) de cette célèbre « Bête dévorante » de l’histoire de France. Une histoire extraordinaire qui, loin d’une simple légende, a fait plus d’une centaine de morts dans le territoire correspondant à l’actuel département de la Lozère, et a profondément marqué les mémoires des paysans de ces hautes et rudes terres du Massif central à la croisée du Languedoc et de l’Auvergne (affaire où la question de l’ancienne organisation territoriale et administrative de la France d’Ancien Régime fut d’ailleurs centrale !).

L’histoire extraordinaire d’un fait divers devenu haute affaire d’État, et qui aboutira notamment à l’organisation des plus grandes battues de l’histoire du Monde jamais réalisées contre un animal féroce.

L’histoire extraordinaire de trois années de terreur paysanne et de cauchemar grandiose constituant la plus grande énigme du règne de Louis XV, et qui a traumatisé tout un territoire comptant alors parmi les provinces les plus pauvres et les plus reculées du royaume de France (et dont la Bête est devenue l’emblème).

Une histoire extraordinaire qui, au-delà de la résolution du mystère, a également beaucoup à nous apprendre sur la société et la France de l’Ancien Régime, entre crépuscule de la Royauté et montée en puissance des Lumières, entre condition et vie paysannes dans les hautes terres et quotidien de Cour, ainsi que sur l’histoire et la géographie d’une région d’une sauvage beauté, et qui correspond aujourd’hui globalement au département de la belle et secrète Lozère…

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