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Louis XV, un roi à la légitimité (continuellement) disputée, et l’un des règnes les plus décisifs de l’Histoire de France

Qui était Louis XV ? Et quel genre de roi était-il ? La question mérite spécifiquement d’être posée et développée, car le sujet est plus que central pour comprendre l’histoire de la France du XVIIIe siècle, l’une des périodes les plus décisives de sa longue et riche histoire…

Dans ce petit article extrait de ma grande série sur l’histoire (vraie) de la Bête de la Gévaudan (une histoire extraordinaire, et la plus grande énigme du règne de Louis XV), je vous propose ainsi de revenir sur les conditions de l’arrivée sur le trône de Louis XV, de la personnalité de ce roi parmi les plus complexes et énigmatiques de l’histoire de France, et surtout des nombreuses crises et des multiples adversités politiques que rencontrera ce grand souverain durant tout son long règne. Des adversité et des difficultés dont vous comprendrez au passage qu’elles ne sont pas sans rapport avec les défaites et désastres de portée mondiale que rencontrera la France sur la même période (en particulier la grande et terrible guerre de Sept Ans – considérée comme la première véritable « guerre mondiale » de l’Histoire), de même qu’avec les ravages d’une certaine Bête dans le Gévaudan de la France des Lumières… Bonne lecture !


Louis XV, ultime survivant de la lignée du grand Roi-Soleil

Louis XV est l’arrière-petit-fils de Louis XIV, le troisième fils du Petit Dauphin (lui-même fils aîné du Dauphin – le fils aîné de Louis XIV ainsi que le premier de ses fils légitimes). Comme tout le monde s’en remémore certainement via ses cours d’Histoire, Louis XIV a eu des enfants, beaucoup d’enfants. Des enfants « légitimes » avec son épouse Marie-Thérèse d’Autriche, mais aussi pléthore d’autres enfants naturels avec ses différentes maîtresses et favorites officielles successives, dont sept avec la célèbre Madame de Montespan (Françoise-Athénaïs de Rochechouart de Mortemart, qui descend d’une très vieille famille de la noblesse française). Parmi ces sept enfants « bâtards » (mais ultérieurement légitimés), Louis XIV a eu deux fils, et l’aîné de ces deux fils, Louis-Auguste de Bourbon, « duc du Maine », est l’enfant préféré du roi.

Comme vous vous en souvenez probablement aussi, Louis XIV a eu un très long règne, rien de moins que le plus long de toute l’histoire de France (72 ans !) ; royaume de France que celui-ci a érigé à la première place des puissances d’Europe. Et la succession au grand Roi-Soleil semblait a priori bien assurée : de façon inédite dans l’Histoire, le souverain pouvait voir en effet s’aligner dans la perspective de sa succession fils, petit-fils et arrière-petit-fils. Et pourtant… Car au début des années 1710, une malédiction semble frapper les héritiers du royaume de France, et le Roi-Soleil va voir mourir successivement tous ses potentiels successeurs. C’est d’abord son fils aîné, le Grand Dauphin, seul fils légitime survivant, qui décède en 1711. Puis c’est au tour du fils aîné de celui-ci, le Petit Dauphin, ainsi que de sa femme, d’être emportés par la rougeole au début de l’année 1712 (une maladie très contagieuse et alors très dangereuse). Cette même rougeole touche aussi leurs deux fils, et emporte l’aîné des deux, le duc de Bretagne. Seul le dernier, le petit duc d’Anjou (notre futur Louis XV), survit miraculeusement. Après la mort de son oncle le duc de Berry en 1714 (le dernier avec Philippe V – déjà placé sur le trône d’Espagne – des petit-fils de Louis XIV, sans héritier), celui-ci devient alors le seul et dernier descendant légitime en lignée masculine direct du souverain, et c’est peu dire qu’il représente alors l’ultime survivant et le dernier espoir de succession légitimiste de la lignée du Roi-Soleil…

Au début de l’été 1715, à 77 ans, Louis XIV est dévoré par la gangrène, et prend les dernières dispositions de sa succession. Défilent alors à son chevet et reçoivent ses ultimes consignes, tous les personnages amenés à occuper une fonction décisive après sa mort : son neveu, Philippe d’Orléans (qui doit se voir confier la Régence du Royaume) ; l’aîné de ses fils bâtards légitimés, le duc du Maine (que le Roi-Soleil veut voir intégré aux responsabilités du Royaume et considéré comme un égal de sa famille légitime – il y a œuvré tout son règne !) ; et bien sûr le jeune Louis XV, qui n’a que 5 ans, et à qui le vieux souverain prodigue ses ultimes conseils :

Tâchez de conserver la paix avec vos voisins. J’ai trop aimé la guerre ; ne m’imitez pas en cela, non plus que dans les trop grandes dépenses que j’ai faites. Prenez conseil en toutes choses, et cherchez à connaître le meilleur pour le suivre toujours. Soulagez vos peuples le plus tôt que vous pourrez, et faites ce que j’ai eu le malheur de ne pouvoir faire moi-même.

C’est ainsi que Voltaire, dans son Siècle de Louis XIV, paru en 1751, rapporte les mots que le roi mourant aurait adressés à son arrière-petit-fils, le futur Louis XV, le 26 août 1715.

Il est vrai qu’en matière de bellicisme, le vieux roi sait de quoi il parle, lui qui a passé les deux tiers de sa vie à faire la guerre à ses voisins (guerre de Dévolution, guerre de Hollande, guerre de la Ligue d’Augsbourg, guerre de Succession d’Espagne,…). Son dernier message est ainsi un vœu de pacifisme, ainsi que de souci de l’amélioration des conditions de vie de ses sujets. Et avec le recul, il est frappant de réaliser combien ces dernières paroles de son arrière-grand-père semblent avoir guidé et constitué la ligne directrice de la politique du futur souverain…

Au-delà de ces dernières paroles de bon sens, Louis XIV avait pris d’autres mesures très importantes pour faire face à son manque d’héritier légitime. Peu avant sa mort, par un édit publié en juillet 1714, le vieux souverain avait en effet étendu le droit de succession, « à défaut de tous les princes de sang royal », autrement dit au duc du Maine et au comte de Toulouse, les deux fils bâtards légitimés qu’il a donc eu avec Madame de Montespan. Une décision contestée car qui viole les lois fondamentales du Royaume (qui ont toujours écartées du trône les enfants bâtards). En tout état de cause, et à la surprise générale, le vieux roi semble ainsi prêt à renier les plus antiques lois de succession qui soient pour écarter du trône et de la régence son neveu Philippe d’Orléans, son successeur potentiel, qu’il trouverait paresseux et débauché. Et les ennuis vont alors commencer…

* * *

Le testament cassé de Louis XIV

Le 02 septembre 1715, le lendemain de sa mort, le testament de Louis XIV est solennellement ouvert et lu à la Grande Chambre du Parlement de Paris (comme le veut l’usage royal), devant toutes les Cours souveraines, les princes du sang et les ducs et pairs du pays. Si le Roi-Soleil désigne bien le futur Louis XV comme héritier du trône de France, c’est à son autre fils le duc du Maine qu’il souhaite voir confier la tutelle du jeune souverain (comme il se pratique en pareil cas, lorsque le roi n’a pas encore atteint la majorité – Louis XIV ayant lui-même par exemple débuté son règne sous la régence de sa propre mère alliée au Cardinal Mazarin). Mais après des débats houleux, le testament est partiellement cassé et c’est finalement Philippe d’Orléans, grâce à une alliance avec les parlementaires, qui s’impose comme le nouveau Régent du Royaume au détriment du duc du Maine et de son frère (le comte de Toulouse) – bâtards légitimés de Louis XIV qui se voient même exclus par le duc d’Orléans des fonctions qu’ils auraient dû exercées en tant que princes du sang dans les hautes instances du pays… !

Un excellent épisode du podcast Storia Voce consacré à l’histoire du duc du Maine, un personnage aussi méconnu que d’une grande importance dans le parcours de la Monarchie française en ce tournant du XVIIIe siècle !

Loin de constituer une première dans l’histoire de France (la chose était déjà arrivée au propre père du Roi-Soleil, Louis XIII), la cassation de son testament va néanmoins avoir une importance considérable dans le début du règne de son arrière-petit-fils. Dès 1718, une conspiration organisée par la puissante duchesse du Maine (l’épouse du duc du Maine, dont nous aurons aussi à reparler) tente de renverser le Régent au profit de son oncle Philippe V, alors roi d’Espagne. La conspiration échoue, le duc et la duchesse du Maine sont arrêtés et quelques temps emprisonnés puis assignés à résidence, de même que leurs enfants (les futurs princes de Dombes et comte d’Eu – un nom qui doit déjà vous dire quelque chose si vous avez bien suivi la première série… !). Durant la suite de son règne, Louis XV aura encore à faire avec des conspirations ou intrigues récurrentes, initiées notamment par des princes du sang frondeurs comme le prince de Conti (encore un nom connu de cette affaire…). Prince de Conti qui tentera même d’organiser une insurrection appuyée par les Protestants et les Britanniques depuis le Vivarais pas plus tard qu’à la fin des années 1750, en pleine guerre de Sept Ans, et quelques années avant l’affaire de la Bête du Gévaudan (et presque dans la même région…).

Zoom sur : la duchesse du Maine et la conspiration de Cellamare (1718)

Après avoir beaucoup parlé du duc du Maine, c’est maintenant son épouse qui mérite d’être placée sous le grand projecteur de notre attention. Si vous avez correctement suivi ce qui précède, vous vous rappelez que Louis XIV a œuvré toute sa vie pour légitimer ses enfants bâtards nés de sa liaison adultérine avec Madame de Montespan, et pour en faire des égaux du reste de la famille royale (notamment en leur donnant le statut de princes du sang). Cette volonté du Roi-Soleil s’est notamment traduite dans sa politique de mariage, qui a consisté à unir tous ces enfants légitimés avec de grandes maisons de la noblesse française (et notamment avec des princes et princesses du sang). Ainsi le duc du Maine sera-t-il marié à personne de moins que Louise-Bénédicte de Bourbon-Condé, petite fille du Grand Condé, le brillant militaire et ancien frondeur gracié par Louis XIV (avec lequel il est rappelons-le cousin).

Du point de vue de la personnalité, Louise-Bénédictine n’est pas loin d’être l’exacte antithèse de son bâtard de mari. Belle, vive, intelligente et cultivée, aussi petite qu’énergique, la duchesse du Maine compte parmi les plus personnages les plus marquants et les plus connus du début du XVIIIe siècle. Grande amatrice d’arts et de faste, mais aussi férue de sciences et de lettres, celle-ci réunit alors dans leur château de Sceaux une véritable petite Cour, autour de laquelle gravitent rapidement de nombreux intellectuels, savants et artistes de cette époque. À l’aube du siècle des Lumières, et au travers notamment des fameuses Grandes Nuits de Sceaux (où elle constitue le centre de toutes les attentions et animations), la petite duchesse parvient ainsi à réaliser un trait d’union qui restera dans l’Histoire : celui du sens de la fête et du divertissement et de la culture de Cour qui président à Versailles, et de la vie de société du XVIIIe siècle parisien. Un siècle rappelons-le éminemment marqué par l’intérêt pour les sciences ainsi que par la libération des mœurs (la Régence étant en effet en particulier le grand moment de l’explosion du mouvement libertin – auquel le Régent Philippe peut d’ailleurs prétendre au passage au titre de premier pratiquant de France… !).

Autrefois résidence de Colbert (qui l’avait considérablement fait embellir), le château de Sceaux passe à la fin du XVIIe siècle aux mains des Maine, et notamment de la duchesse qui va en faire un véritable centre intellectuel et culturel et une petite cour rivale de celle de Versailles. Dans les derniers temps du règne de Louis XIV, et pour occuper ses interminables nuits minées par l’insomnie, la duchesse du Maine y fait organiser de grandes fêtes que l’Histoire retiendra sous le nom de Grandes Nuits de Sceaux, auxquelles participèrent le gratin des artistes et des intellectuels de l’époque (un certain Voltaire fut d’ailleurs longtemps l’hôte du château, où il fit ses premières armes !).

Princesse du sang issue de l’une des plus puissantes familles de France, la duchesse du Maine a aussi beaucoup d’ambition, à la différence de son mari qu’elle pousse toujours davantage à obtenir faveurs et fonctions prestigieuses auprès du vieux roi. Il faut dire qu’elle se sent depuis toujours profondément humiliée par ce mariage qui l’a unie, elle la princesse de sang, à un simple bâtard du roi – fut-il légitimé par ce dernier (c’est en tout cas l’état d’esprit qui l’anime). La duchesse sait pertinemment que le sang effectif de ce dernier ne vaut rien dans le principe de succession monarchique d’alors, et que sitôt que son père aura disparu, son mari perdra la protection et les faveurs dont il bénéficie de la part du vieux roi. C’est pourquoi elle le pousse à occuper l’espace et à marquer son territoire – ce qui n’est guère dans le tempérament de son mari, qui préfère le calme des bibliothèques à l’effervescence des cabales de la Cour…

Une autre intéressante émission du podcast Storia Voce consacré à l’histoire du duc du Maine.

Peu désireuse de perdre ses privilèges et son train de vie dans le sillage de son époux, c’est ainsi avec pertes et fracas que la princesse de Condé va accueillir l’écartement puis l’ostracisation de son mari de la Régence suite à la mort du roi. La décision du Parlement du 02 septembre 1715 provoque en effet une colère mémorable de la duchesse, qui entre alors pour ainsi dire dans l’opposition immédiate et radicale au nouveau Régent. Durant des mois, Louise-Bénédicte se plonge dans la documentation juridique et mobilise les meilleurs juristes de France et de Navarre pour étudier les moyens de recourir au cassage du testament de son beau-père. Il est vrai que la situation est critique pour les époux de Sceaux, car le duc de Bourbon (un autre Condé neveu de la duchesse…), après avoir été l’artisan du retrait au duc du Maine du commandement des troupes que Louis XIV lui avait confié par son testament, vient maintenant de lui faire retirer son rang de prince du sang, réduisant ainsi basiquement la duchesse au rang d’épouse d’un noble d’une lignée illégitime et déchue de toutes fonctions…

En désespoir de cause, et face à une politique du Régent toujours plus impitoyable envers son mari (et par extension envers elle malgré son sang – dont la duchesse a une assez haute conception…), Louise-Bénédicte finit par basculer pour de bon dans la conspiration. Non-contente d’héberger à Sceaux tout un bataillon de politiciens et d’intellectuels opposés au régime (d’où ces derniers écrivent textes et chansons critiquant le Régent et sa politique, que l’on répand ensuite dans la capitale), en mai 1718, la duchesse franchit le pas et entreprend désormais de directement renverser le Régent. Pour ce faire, elle se rapproche du souverain d’Espagne, qui n’est autre qu’un des petits-fils de Louis XIV, placé avec succès à la tête de la Couronne espagnole suite à la guerre de Succession d’Espagne quelques années plus tôt. Bien qu’il ait renoncé à ses droits sur la couronne de France, Philippe V ambitionne toujours de jouer un rôle sur son royaume natal, en plus d’éprouver lui aussi une profonde aversion pour le Régent (il avait même envisagé d’intervenir en France dès le moment de la succession de Louis XIV, mais y avait renoncé devant le succès de la prise de pouvoir politique de Philippe).

Par l’intermédiaire de l’ambassadeur d’Espagne à Paris (le prince de Cellamare, qui laissera son nom à la conspiration), la duchesse du Maine entre ainsi en pourparlers avec les conseillers de Philippe V, qui prêtent une oreille intéressée à cette tentative de déstabilisation. Mais si la duchesse du Maine est la reine des abeilles, ce n’est guère celle des intriguantes : dès ses premières manœuvres, les services de renseignement du Régent ont vent du complot et l’en informe. Dès lors, Philippe place sous surveillance Louise-Bénédicte et ses proches, et collecte patiemment les pièces à charge contre les apprentis conspirateurs. Ne reste plus qu’à accumuler les preuves suffisantes pour éviter le scandale, avant de frapper le coup de grâce…

Décembre 1718. Une petite troupe d’officiers portant la marque de la garde royale frappe à la porte avant d’investir le château de Sceaux. On informe la famille Maine de son arrestation, et on prie poliment la duchesse, son mari et leurs enfants de bien vouloir monter dans les deux carrosses qui les attendent. Cette dernière jouera la surprise et résistera plusieurs heures en trainant à faire ses bagages, avant d’accepter finalement, sur pression courtoise mais ferme de l’un des officiers royaux, de bien vouloir enfin rejoindre le carrosse (dont la duchesse se scandalisera de la modestie du véhicule, totalement outrancier à son rang). Les époux Maine et leurs enfants sont alors conduits dans une prison royale dans le nord du pays, où ils resteront exilés pendant près de deux ans. Rapidement, le duc du Maine – qui ignorait tout des intrigues de son épouse – est innocenté, mais partagera néanmoins le sort de sa femme. L’événement est un traumatisme pour leurs enfants, les futurs prince de Dombes et comte d’Eu, eux les petits-fils du Roi-Soleil et princes du sang déchus, qui connaitront ainsi durant de longs mois les turpitudes de la vie en prison (relativement dorée). Le comte de Toulouse, frère du duc du Maine, sera également arrêté quelques temps, avant d’être lui aussi innocenté et relâché.

Une autre émission d’Au Cœur de l’Histoire centrée sur le personnage et la vie de la duchesse du Maine, où l’on revit notamment les détails de sa conspiration et de son arrestation.

Si la conspiration était de pacotille, elle ne fut pas sans conséquence, car le Régent goûta fort peu l’implication de son neveu d’outre-Pyrénées dans cette entreprise de déstabilisation de son royaume. En effet, à peu près au même moment, Madrid avait apporté son soutien matériel à la rébellion d’un groupe de nobles bretons, engagés dans une tentative de sécession de leur province en protestation notamment des exigences fiscales de la Monarchie. Profitant de ce camouflet diplomatique pour mettre fin une bonne fois pour toutes aux tentatives d’ingérence espagnole, Philippe déclare la guerre à l’Espagne des Bourbons.

Le conflit sera bref. En quelques mois, plusieurs grandes villes espagnoles sont prises par les forces terrestres françaises, tandis que la nouvelle alliance instaurée avec l’ancien ennemi anglais voient ces derniers intervenir sur le plan maritime. Les redoutables escadres britanniques s’attaquent alors aux grands ports atlantiques espagnols, et infligent une sévère déculottée à sa flotte lors la bataille du Cap Passero (où les Espagnols perdent 11 vaisseaux). Comprenant qu’il n’est pas en mesure de gagner ce combat, Philippe V se résout à renvoyer son ministre Alberoni (l’un des grands artisans de la conspiration ainsi que du soutien aux dissidents bretons), et accepte de rejoindre l’alliance diplomatique élaborée par le Régent. C’est le début d’une période de paix remarquable en Europe, qui permettra un développement économique et commercial inédit dans l’histoire de la France d’Ancien Régime, et à laquelle ne mettront fin que les affres d’un nouveau grand conflit (la guerre de Succession d’Autriche, à laquelle j’ai également consacrée deux très importants articles pour les intéressés).

La conspiration de Cellamare (1717-1719) (© Patrick Berthelot)
Un remarquable résumé en image des acteurs impliqués de près ou de loin dans la conspiration de Cellamare, réalisé par Patrick Berthelot. Notez que si la conspiration manqua indéniablement de sérieux dans son organisation, elle ne manqua pas d’impliquer pas mal de beau monde et de puissants acteurs de la vie politique de l’époque… !

Un bon épisode de l’émission d’Au Cœur de l’Histoire consacré à Louis XV, dont je recommande l’écoute afin de prendre toute la mesure des spécificités et caractéristiques remarquables du règne de ce dernier !

À vrai dire, le règne de Louis XV (comme bien d’autres de l’histoire de France) n’est qu’une longue suite d’intrigues, d’adversités politiques de toutes sortes (rappelons que nous sommes en pleine période des Lumières ainsi que du jansénisme dont nous reparlerons), de retournements géopolitiques, de désastres diplomatiques et militaires, et qui se traduiront par autant de disgrâces royales à durée indéterminée. Des disgrâces parfois levées, mais qui génèreront bien des mécontents et des aigris parmi les puissants du pays (sans même parler des cicatrices d’événements datant du siècle précédent – Fronde, Grands Jours d’Auvergne et du Languedoc, guerre des Camisards,… – que je vous raconte d’ailleurs en détail dans cet autre article).


Le règne de Louis XV : l’époque où la France tient dans ses mains le destin du monde

Le pays que Louis XIV laisse à son arrière-petit-fils Louis XV est probablement l’un des plus puissants au monde. Un pays qui n’exerce certes plus sa domination politique sur l’Europe suite à la longue et ruineuse guerre de Succession d’Espagne, mais dont presque toute l’élite du continent parle la langue et copie la Cour, les usages et les modes (la France ayant ainsi supplantée l’Italie comme centre culturel du continent). De Louis XIV, Louis XV hérite de surcroit d’une armée permanente comme l’Europe n’en avait plus connu depuis la Rome antique ! Quelques décennies plus tôt en effet, les brillants ministres du Roi-Soleil (Tellier, Louvois) avaient réformé l’armée sur des structures professionnelles modernes (permettant à celle-ci de ne plus reposer sur le système aléatoire des mercenaires, qui prévaut encore dans le reste de l’Europe). Une armée qui plus est disciplinée, dirigée par des officiers de métier placés sous l’autorité du pouvoir central. En plus de cette force formidable, sous l’impulsion de Colbert, le royaume s’était également doté d’une puissante Marine – qui malheureusement ne survivra pas au brillant ministre du Roi-Soleil (voir sur le sujet pour les intéressé(e)s le premier chapitre de ma grande série sur les origines de la guerre de Sept Ans).

Partant de ce remarquable héritage, la période correspondant au règne de Louis XV (de 1715 à 1774) compte probablement parmi les plus décisives de toute l’histoire de France. C’est, après les Grandes Découvertes puis les conquêtes européennes du Nouveau-Monde (voir encore ma série sur les origines de la guerre de Sept Ans), l’époque de l’explosion de la démographie et de la production coloniales, et par corollaire celle du commerce international. Pour l’une des rares fois de son histoire, la France a le regard tourné vers l’outremer et ses colonies, d’où elle tire toujours davantage de richesses (qui contribuent alors considérablement à la prospérité de la Nation). C’est aussi donc l’époque du grand rayonnement culturel de la France, cette France sortie du Grand Siècle de Louis XIV comme la première puissance politique et militaire d’Europe, mais aussi une superpuissance culturelle ; une France qui rayonne de ses arts et désormais de ses Lumières, et dont toute les Cours et diplomaties du Vieux Continent parlent la langue !

Versailles, dans toute sa richesse et sa démesure, constitue à lui tout seul le symbole de la puissance du royaume de France et de son monarque absolu à l’issue du règne de Louis XIV (ci-dessous, la célèbre Galerie des Glaces et la Chapelle Royale, deux puissants symboles de la magnificence du château du Roi-Soleil… !).


Un développement économique et une prospérité inédite dans l’histoire de France

Je renvoie à nouveau celles et ceux qui voudraient davantage comprendre le grand contexte (inter)national de cette période centrale de l’histoire de France vers cette autre grande série du blog, qui retrace le devenir géopolitique du royaume, du début de l’époque moderne (Grandes Découvertes, colonisation européenne du Nouveau-Monde, mondialisation des échanges,…) à l’aube de la monumentale et dramatique guerre de Sept Ans !

Les deux premières décennies du règne de Louis XV (c’est-à-dire les années 1720 et 1730), constituent en particulier une période parmi les plus prospères de l’histoire de France. En paix avec l’Europe et la Grande-Bretagne depuis le traité d’Utrecht (1713), et sous la houlette du sage Cardinal de Fleury (premier ministre de 1726 à 1743), le Royaume connait un enrichissement général, grâce à une politique intérieure favorisant le développement économique, industriel et scientifique de la France, et à une politique extérieure marquée par la recherche de la paix et de la stabilité européenne. Ces années parfois jugées « bénites », se traduisent par une nette amélioration des conditions de vie de la population, et le jeune Louis XV bénéficie durant cette période d’une popularité spectaculaire (c’est d’ailleurs le moment où il reçoit son qualificatif de roi « bien-aimé »).

Dans ce contexte économique et culturel florissant au niveau national, Louis XV se montre un souverain plutôt en avance sur son temps, soucieux de « l’équilibre des puissances » sur le continent européen (le roi de France estimant en effet que son pays a atteint son extension maximale et n’a plus vocation à conquérir de nouvelles provinces – position qui expliquera notamment sa décision de restituer les territoires conquis durant la guerre de Succession d’Autriche). Une situation qui ne va malheureusement pas durer, car si la politique extérieure pacifiste du souverain et de son premier ministre (anglophile) s’accorde durant près de deux décennies avec celle de Londres (dont le premier ministre libéral, Robert Walpole, est aussi un partisan de la paix), le vent finit par tourner chez le voisin britannique, et au tournant des années 1740, c’est désormais le parti de la guerre qui s’installe au 10, Downing Street. De l’autre côté de la Manche, du côté des grands marchands et du lobby colonial et industriel, on jalouse en effet chaque mois davantage l’empire mondial florissant que cette longue période de paix a permis à la France de développer. Une France dont le volume des échanges commerciaux rattrape à toute vitesse et concurrence toujours plus celui d’une Grande-Bretagne, qui ne cache plus ses ambitions de domination (de la mondialisation) du monde. Cruelle ironie, qui voit la paix nourrir les racines de la guerre…

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Une rivalité croissante entre la France et l’Angleterre qui aboutit au grand choc de la guerre de Sept Ans (1756-1763)

Si à Versailles, on semble s’obstiner à ne pas prendre la mesure des volontés hégémoniques du voisin britannique (et que l’on continue globalement de prôner la paix et l’équilibre international), certains à Londres sont bien déterminés à briser par tous les moyens l’hégémonie continentale de la France, et surtout à dominer le commerce mondial – que la France (et dans une moindre mesure l’Espagne) lui dispute de fait. Et le grand choc viendra : ce seront les guerres de Succession d’Autriche puis de Sept Ans, probablement concernant cette dernière le pire désastre militaire de toute l’histoire de France – où le Royaume y laisse plus que des plumes (un demi-million d’hommes, toute sa Marine de guerre, les Grands Lacs et le Québec, Pondichéry et son hégémonie des Indes, l’Île-de-France (l’actuelle Île Maurice), et même la Guadeloupe et la Martinique…). Si ces pertes seront habilement compensées par une paix si bien négociée qu’elle lui en restitue l’essentiel (en l’occurrence : ses précieuses et si lucratives îles à sucre des Antilles), le désastre est consommé, et la France ressort de ce conflit considérablement affaiblie sur le plan international, et globalement ruinée et humiliée.


Zoom sur : la guerre de Sept Ans (1756-1763), la première guerre mondiale de l’Histoire ?

S’ils eurent évidemment leurs ressorts et leurs protagonistes propres (tout en étant en partie à l’origine de cette guerre), les affrontements entre Franco-Canadiens (et Amérindiens) et Britanniques en Amérique du Nord ne constituent toutefois (il faut bien l’avoir en tête) que quelques pions dans la vaste partie d’échecs planétaire qui opposera ainsi la France et l’Angleterre (et leurs alliés respectifs) durant près de huit longues années, sur l’ensemble du continent européen aussi bien que sur près de la moitié des mers du globe !

Une guerre de « Sept Ans » qui s’inscrit elle-même, en outre, dans la continuité et conséquence directe de la précédente : la guerre dite de « Succession d’Autriche ». Guerre qui marqua quant à elle la fin de la « première Entente cordiale » entre nos chaleureux amis français et britannique (et plus exactement même l’ouverture de près d’un siècle d’hostilités et d’affrontements quasi-ininterrompus entre ces derniers – que de célèbres historiens se sont d’ailleurs plu à qualifier de « Seconde guerre de Cent Ans » !).

Par sa durée, par l’étendue des opérations et leur intensité, mais aussi par le nombre de puissances qu’il engage, ce gigantesque conflit planétaire mérite bien son titre de « première guerre mondiale » de l’Histoire. À l’exception des Provinces-Unies restées neutres, tous les grands empires européens sont en effet impliqués dans le conflit – qui se déploiera sur pas moins de quatre continents et de trois océans. Cette guerre se démarque également par ses ressorts : pour la première fois en effet, l’influence des héritages dynastiques est mineure, et ce sont désormais les intérêts géopolitiques et socioéconomiques et non plus la politique qui constituent la première préoccupation des puissances engagées dans ce conflit – une rupture qui le distingue fondamentalement des précédents. Par le caractère vraiment global de la lutte qui opposera en particulier la France et la Grande-Bretagne dans ce conflit, la guerre de Sept Ans inaugure et préfigure les grandes guerres du XIXe et du XXe siècle, tout en signant le début de l’ère de la puissance navale et du contrôle géostratégique du monde !

Loin d’en être le terrain central, l’espace nord-américain ne constitua ainsi que l’un des théâtres d’une guerre qui se porta ainsi de l’Atlantique à l’océan Indien (en passant par les Antilles), de la Méditerranée aux côtes brésiliennes et africaines (et, continentalement, de l’Espagne à la Pologne actuelle). Un conflit de plus entre grandes puissances européennes (les fameux « Great Power » de l’époque) qui, s’il restera fortement et premièrement terrestre, atteindra également une dimension maritime et internationale inédite, de par l’intensité des enjeux et des frictions coloniales qui s’y manifesteront. Autant de dynamiques qui préfigureront d’ailleurs du nouvel ordre mondial (caractérisé par la complète hégémonie maritime et coloniale britannique – connue ultérieurement sous le nom de « Pax Brittanica ») sur lequel déboucheront plus tard les guerres révolutionnaires et napoléoniennes.

Les empires coloniaux européens en 1756, à l'aube de la guerre de Sept Ans (© Sur le champ)
Les empires coloniaux des grandes puissances européennes à l’aube de la guerre de Sept Ans (en bleu : le premier empire colonial français, en rouge : l’empire britannique, en marron : l’empire espagnol, en vert : l’empire portugais, et en jaune enfin, l’empire néerlandais).
(Source : un autre visuel produit par Quentin de la chaîne d’histoire Sur le champ, dans le cadre de ses deux épisodes consacrées à la guerre de Sept Ans)

Les grandes batailles de la guerre de Sept Ans (1756-1763)
La guerre de Sept Ans est un conflit d’envergure planétaire qui se portera sur trois continents distincts : l’Amérique du Nord (et les Antilles), le sous-continent (et l’océan) indien, et le continent européen. En ce sens, elle est considérée par de nombreux historiens comme la première véritable « guerre mondiale » de l’Histoire !

Une magnifique carte de synthèse des grandes batailles terrestres et navales de la guerre de Sept Ans réalisée par le magazine Guerres & Histoire (n°21 d’octobre 2014). Du théâtre nord-américain aux Philippines en passant par l’océan Indien, l’Afrique, l’Europe et les Caraïbes, celle-ci met particulièrement bien en évidence la dimension planétaire inédite de ce conflit… !

Sept ans d’une guerre aussi méconnue que déterminante de l’histoire du Monde (et aux origines de tous les grands conflits du XVIIIe siècle qui lui succèderont), dont je vous propose d’ailleurs d’explorer les événements et surtout les grands tenants et aboutissants via une autre grande série d’articles, formant l’épisode central d’une vaste série documentaire du blog sur cette aussi méconnue que décisive Seconde guerre de Cent Ans !).

L’expérience de plusieurs siècles doit avoir appris ce qu’est l’Angleterre à la France :
ennemis de prétentions à nos ports et nos provinces,
ennemie d’empire de la mer, ennemie de voisinage,
ennemie de commerce, ennemie de forme de gouvernement.

le duc de Saint-SIMON, TOUjours touT EN MESURE et en retenue… ! (mais comme dirait l’un de nos célèbres héros populaires : « C’est pas faux… »)

Au-delà de son très lourd impact sur le plan extérieur et international, la guerre de Sept Ans a également laissé de profondes cicatrices au sein de la population française, qu’ils s’agissent du gouvernement et de la haute noblesse qui l’a (très mal) commandée aussi bien que du peuple qui en a subi les effets (directs et indirects) aux quatre coins du royaume :

La guerre de Sept Ans a produit un véritable traumatisme en France. Même si les populations n’ont pratiquement pas vu la guerre de façon directe (à l’exception des populations côtières bretonnes, constamment soumises aux « descentes » anglaises), les pertes humaines, les nouvelles des défaits et surtout la pression fiscale en ont répandu la trace partout. Les impôts ont en effet augmenté de façon subite et vertigineuse, et cette hausse sera encore démultipliée par la guerre d’Amérique, jusqu’à devenir intolérable. La situation financière et économique de la France, tant de l’État que du peuple, s’enfonce dès lors dans une spirale catastrophique. À cela s’ajoutent la baisse de prestige constante du pouvoir royal et l’abaissement de la puissance du pays, qui sont nettement perceptibles jusque dans les écrits des philosophes des Lumières. […] Déclenchée par la guerre de Sept Ans, cette spirale catastrophiste allait mener tout droit à la Révolution française de 1789.

Laurent Henninger, « Une guerre qui a dessiné le nouveau visage du monde », article extrait du dossier « La guerre de Sept Ans : le Premier Conflit mondial » paru dans le n°21 du Magazine Guerres & Histoire (octobre 2014)

Eh oui, au cas où vous ne le saviez pas, votre serviteur a aussi écrit une grosse série sur l’épopée de la Nouvelle-France, le berceau de la Louisiane et du Canada français ; à découvrir donc également pour les intéressé(e)s ! 😉

Cette (longue) digression historique réalisée, il vous sera maintenant je pense plus facile et lisible de vous replacer dans le contexte intérieur de la France du milieu des années 1760, et den bien saisir les dynamiques qui la traversent. Comme vous l’avez compris, le royaume sort donc tout juste de près de deux décennies de conflit riches en désastres, des défaites cuisantes en Allemagne contre les Prussiens à la perte des colonies (Canada français, Indes,…) qui faisaient l’orgueil (mais non la richesse) du royaume de France. Des désastres sur terre et mer s’étant traduits par presque autant de disgrâces, qui ont vues de grands officiers et princes du sang (c’est souvent la même chose) du pays être parfois exécutés ou condamnés en représailles, mais plus souvent disgraciés et à ce titre emprisonnés, exclus de la Cour, exilés, ou encore publiquement et médiatiquement « lynchés ». Autant de « grands » et de puissants du pays dont le nom et la réputation sont ainsi souillés et la vie et le quotidien parfois malmenés. Ceci est le cas par exemple (bien choisi) du comte de Clermont, disgracié par son propre souverain suite à son échec face aux Prussiens lors de la bataille de Krefeld. Comme autre de ces exemples, on peut également penser à un certain marquis de Morangiès, qui durant le conflit fut assiégé avec ses troupes dans la citadelle de Minden (qu’il sera contraint de livrer aux Hanovriens, alliés des Anglo-Prussiens). Défaite qui vaudra au puissant marquis du Gévaudan une disgrâce et un emprisonnement de la part du roi de France, et à ses fils (dont un certain Jean-François-Charles de Molette), une exclusion de l’armée pour avoir inutilement tenter de réhabiliter son disgracié de père…

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Voilà un petit résumé de ce qu’a connu en substance la France de la première moitié du XVIIIe siècle. Autant d’événements, blâmes, disgrâces, exils et autres rancœurs de la noblesse, ce dans un royaume encore « sonné » par la défaite et à la Monarchie contestée et disputée, dont vous avez maintenant bien compris qu’ils ne peuvent évidemment pas être sans rapport avec bien des crises qui bousculeront le pouvoir de Louis XV, en particulier l’affaire d’une certaine Bête apparaissant dans une obscure province du royaume au milieu des années 1760. Mais ceci est une autre histoire… 😉 (voir lien ci-dessous !)


Pour aller plus loin… 🔎🌎

Ce petit épisode de la série des « Il était une fois… » du blog sur Louis XV et les grandes oppositions politiques qui marquent son règne est en fait extrait de ma grande série consacrée à l’affaire de la Bête du Gévaudan. Je renvoie ainsi les passionné(e)s de grandes énigmes historiques vers cette vaste fresque documentaire sur l’histoire incroyable (mais vraie) de cette célèbre « Bête dévorante » de l’histoire de France. Une histoire extraordinaire qui, loin d’une simple légende, a fait plus d’une centaine de morts dans le territoire correspondant à l’actuel département de la Lozère, et a profondément marqué les mémoires des paysans de ces hautes et rudes terres du Massif central à la croisée du Languedoc et de l’Auvergne (affaire où la question de l’ancienne organisation territoriale et administrative de la France d’Ancien Régime fut d’ailleurs centrale !).

L’histoire extraordinaire d’un fait divers devenu haute affaire d’État, et qui aboutira notamment à l’organisation des plus grandes battues de l’histoire du Monde jamais réalisées contre un animal féroce.

L’histoire extraordinaire de trois années de terreur paysanne et de cauchemar grandiose constituant la plus grande énigme du règne de Louis XV, et qui a traumatisé tout un territoire comptant alors parmi les provinces les plus pauvres et les plus reculées du royaume de France (et dont la Bête est devenue l’emblème).

Une histoire extraordinaire qui, au-delà de la résolution du mystère, a également beaucoup à nous apprendre sur la société et la France de l’Ancien Régime, entre crépuscule de la Royauté et montée en puissance des Lumières, entre condition et vie paysannes dans les hautes terres et quotidien de Cour, ainsi que sur l’histoire et la géographie d’une région d’une sauvage beauté, et qui correspond aujourd’hui globalement au département de la belle et secrète Lozère…

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Par ailleurs, si le sujet de l’histoire du monde moderne et du « grand XVIIIe siècle » vous intéressent (ce fut en effet une période éminemment charnière de l’Histoire moderne), je vous oriente vers la découverte de cette autre riche série documentaire traitant de la grande guerre de Sept Ans (1756-1763), considérée par de nombreux historiens comme la première véritable « guerre mondiale » de l’Histoire. Un immense conflit qui débutera (et se propagera) en effet dans l’ensemble des empires coloniaux du monde, lui conférant ainsi une dimension planétaire et maritime inédite.

Une guerre constituant en outre le plus grand choc de l’intense conflit global qui opposera tout au long du XVIIIe siècle la France et la Grande-Bretagne pour la domination (de la mondialisation) du monde ; une suite ininterrompue de conflits, de Louis XIV à Waterloo, d’ailleurs qualifié de « Seconde guerre de Cent Ans » par certains historiens. Une passionnante série d’articles en forme de grande fresque historique, qui vous portera ainsi des Grandes Découvertes à la chute du Canada et des Indes françaises, et de la fondation des grandes empires coloniaux européens outremers et de la naissance de la mondialisation maritime et de la globalisation économique à l’émergence du capitalisme, du libéralisme, du parlementarisme et plus globalement d’un nouvel ordre mondial caractérisé par l’hégémonie planétaire britannique (sur les plans maritime, colonial, économique, culturel, géopolitique, etc.). Une grande série qui vous amènera aussi à mieux comprendre tant les racines de la guerre d’Indépendance américaine que celles de la Révolution française et des guerres napoléoniennes ; autant d’événements qui structureront décisivement notre monde contemporain !

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Et sinon, pour les intéressés et autres curieux, vous pouvez prendre connaissance de tous mes articles, (photo)reportages, récits de voyage, documentations et cartes liés à plus globalement à l’histoire, à la géographie ainsi qu’au patrimoine (naturel, architectural, culturel) de la France (de l’Antiquité à nos jours), en consultant mes rubriques respectivement dédiées à ces domaines – notamment sa riche cartothèque (accessibles ici : catégorie « Histoire de France » et catégorie « Géographie de France »).

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