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La grande épopée de la Nouvelle-France (CHAPITRE III) : des guerres intercoloniales à la Conquête (1713-1754)

Dans les chapitres précédents, nous nous sommes penchés sur l’exploration puis l’implantation des premiers établissements permanents et fondations des premières villes de ce qui deviendra la « Nouvelle-France » (Chapitre I). Ceci avant de voir comment, sous l’impulsion de Louis XIV et de son secrétaire d’état à la Marine Colbert, ce qui restait un simple comptoir de commerce devint une véritable colonie royale, dotée d’une politique administrative, économique et de peuplement pensée, souhaitée, structurée et de grande envergure (Chapitre II). Calquée sur le modèle administratif et politique de sa métropole, la Nouvelle-France a accueilli des immigrants français de toutes sortes : artisans, prêtres, missionnaires, aristocrates, trappeurs, et bien sûr paysans, originaires de l’ensemble des régions de l’Ouest. La Nouvelle-France constitue ainsi un parfait microcosme de sa Métropole, une sorte de France miniature sur le continent américain, qui a rapidement développée sa propre culture, façonnée par les contraintes locales (climat, isolement, environnement, relations commerciales et métissage avec les populations amérindiennes).

Principal bassin de peuplement de la colonie, le Canada se démarque bientôt par une identité propre et marquée, et au début du XVIIIe siècle, on a déjà assisté à la naissance d’une nation canadienne, d’essence catholique et paysanne, mais aussi déjà largement métissée au fur et à mesure que les fameux coureurs des bois épousaient les femmes des tribus amérindiennes qu’ils avaient fréquentées. De façon générale, les Canadiens nés au pays considèrent la vallée du Saint-Laurent comme leur patrie.

Cela va pas mal de soi, mais au cas où vous atterririez directement ici, je recommande évidemment de commencer la lecture de cette série à son début ! 🙂

Grâce aux multiples explorations et expéditions menées dans les profondeurs du continent par les Jolliet et Marquette, les La Salle et les La Vérendrye, la Nouvelle-France a également enregistré une formidable expansion sur le plan territorial. Si le bassin du Mississippi et la région des Grands Lacs demeurent davantage une zone de contrôle forgée par l’établissement d’un réseau de postes et les alliances avec les nations autochtones qu’une véritable annexion coloniale, il est certain que l’influence française rayonne désormais sur l’ensemble de l’intérieur du continent et irradie les immensités américaines du golfe du Mexique à celui du Saint-Laurent, et des Appalaches aux Rocheuses.

Cette formidable expansion territoriale de la Nouvelle-France, qui s’étend désormais de la Louisiane au Canada en passant par le bassin du Mississippi et la région des Grands Lacs, n’a eu de cesse d’inquiéter ses populeuses voisines, les Treize Colonies britanniques, désormais enserrée entre la côte et les Appalaches. Déjà en grande tension avec la colonie française depuis le XVIIe siècle pour des raisons alors essentiellement commerciales (le monopole de la traite des fourrures), les colonies anglo-américaines étouffent de plus en plus sous le châssis français, qui brident leur développement alors même que les Treize Colonies enregistrent un essor démographique spectaculaire. Au milieu du XVIIIe siècle, la rivalité pour la domination de l’Amérique du Nord va ainsi finir par atteindre son paroxysme et déboucher inévitablement sur une logique d’affrontement généralisé, comme nous allons le voir dans ce troisième et dernier chapitre. Bonne lecture !

Le sommaire complet de ce troisième et avant-dernier chapitre, dont l’accès intégral sera réservé aux abonné(e)s du blog (alors abonnez-vous ou débloquez l’ensemble du contenu du site pour 1 mois pour seulement 5€, et soutenez ainsi mon travail et mon indépendance ! 🙏😉)

Une longue période de paix qui prépare le grand choc franco-britannique en Amérique du Nord (1713-1744)

À consulter en complément pour les intéressé(e)s : un article du blog consacré aux tenants et aboutissants de la méconnue et très conséquente guerre de Succession d’Espagne, le dernier grand conflit louis-quatorzien !

Comme nous l’avons vu dans la seconde partie, les possessions de la Nouvelle-France furent un enjeu important des négociations entre la France, l’Angleterre et leurs alliés respectifs qui menèrent au traité d’Utrecht (1713), lequel mit donc fin à la guerre de Succession d’Espagne. Il est peu dire que la France d’un Louis XIV vieillissant y perdit quelques plumes en Amérique… : la baie d’Hudson, l’Acadie historique et Terre-Neuve sont alors définitivement cédés aux Anglais. Les Acadiens, comme nous l’avons également abordé dans le précédent chapitre, sont « tolérés », mais à la condition de rester neutres en cas de nouveau conflit.

Face à la désormais Nouvelle-Écosse, les Français conservent plusieurs îles du golfe du Saint-Laurent dont l’île Royale, où ils construisent rapidement la remarquable forteresse de Louisbourg. Les frontières exactes de ces nouvelles possessions sont cependant mal tracées, et Français et Britanniques vont ainsi se disputer des zones limitrophes au nord (frontières entre la région de la baie d’Hudson – anglaise, et la région des Grands Lacs dite « Pays d’en Haut – française), à l’est (frontières entre Anglais et Français au niveau de l’Acadie continentale mal définie) et au centre (vallée de l’Ohio,…) du continent américain. Autant de futures zones d’affrontements décisives dans la grande guerre finale qui s’annonce…

Les colonies européennes en Amérique du Nord en 1713, après le traité d'Utrecht
L’Amérique du Nord après le traité d’Utrecht. On y voit bien apparaître en hachuré les territoires cédés par la France à la Grande-Bretagne (c’est-à-dire l’île de Terre-Neuve, l’Acadie péninsulaire et la baie d’Hudson – région stratégique pour le commerce des fourrures). Des zones toujours disputées malgré les clauses du traité au cours des décennies suivantes…

Au début du XVIIIe siècle, l’écart se creuse entre les deux colonies

Même si une longue période de paix commence officiellement en 1713 entre la France et la Grande-Bretagne, en Amérique du Nord, les tensions restent vives. Plusieurs grands facteurs permettent de l’expliquer. Comme nous l’avons vu dans le chapitre précédent, la traite des fourrures, marché très profitable et qui connut un grand essor au XVIIe siècle, constitua longtemps un objet de contentieux majeur entre les deux colonies. C’est d’ailleurs tout au long de ce siècle le monopole de l’accès aux pelleteries et à ses fournisseurs qui motiva les grandes explorations menées en particulier par les Français dans les confins de l’Ouest américain, et qui justifia une politique de conquête et de contrôle territorial de ces grands espaces. Néanmoins, à partir du début du XVIIIe siècle, le commerce des fourrures est en grande perte de vitesse et n’a cessé de décliner (il ne représente bientôt plus qu’un chiffre d’affaire de 150 000 livres par an). Alors même que les immensités du bassin du Mississippi et des Grands Lacs ont donc perdu de leur valeur du point de vue économique, leur contrôle représente en outre une lourde charge financière pour la Nouvelle-France : il faut en effet y entretenir les postes, y déployer et renouveler les garnisons, y acheminer le ravitaillement, tout en continuant d’irriguer les alliés Amérindiens en marchandises pour l’entretien des alliances (marchandises qui devaient souvent être amenées depuis la Métropole et même vendues à perte afin de lutter contre la concurrence anglaise, dont les colonies peuvent maintenant fournir sur place de meilleurs produits à meilleur marché… !) :

Pour entretenir ces alliances, il fallait recourir à la diplomatie des présents » qui consistait d’une part à acheter des fourrures et d’autre part à fournir des cadeaux aux Indiens afin de conserver leur amitié. Or Versailles ne cessait de trouver trop onéreuses ces distributions, pourtant indispensables, et rechignait à la dépense malgré les réclamations incessantes des gouverneurs et commandants de postes. Eccles cite ce chef du poste de La Baye, Joseph Marin de La Malgue, qui pour éviter une guerre entre les tribus du Wisconsin, leur distribua 10 000 livres tournois de présents. Souvent, déjà depuis Frontenac et La Mothe-Cadillac, les gouverneurs et leurs officiers durent assumer les présents sur leurs propres deniers. Plus encore sous Louis XV, ils préconisèrent la distribution de vivres et l’entretien des familles des guerriers indiens en campagne. Eccles a estimé à plus d’un million de livres tournois par an à partir de 1743 le coût pour l’État de cette politique.

La compétition face au concurrent britannique, dont les produits étaient moins chers, était de ce point de vue rude pour les Français. Un mémoire de 1748 décrit les pratiques anglaises employées pour débaucher les amitiés indiennes, recommandant de « fournir aux Indiens de l’alcool et des marchandises à bas prix dans ce poste, car c’est ce qui les a attirés à Chouaguen [poste britannique] ». Il importait donc aux Français de convaincre les Indiens de ne pas recevoir d’Anglais sur leurs terres, à ne pas les autoriser à traiter chez eux. Plus qu’une simple concurrence commerciale, il s’agissait de refuser une présence susceptible de saper les systèmes d’alliance à travers lesquels les Français entendaient exercer leur souveraineté sur les territoires indiens.

François Ternat, Partager le monde – Rivalités impériales franco-britanniques (1748-1756), p. 164

Malgré leur faible rentabilité économique, ce contrôle des immensités continentales demeure toutefois indispensable à l’avenir de la Nouvelle-France, car cet ensemble de postes à l’entretien coûteux a permis de dresser une barrière à l’expansion anglaise. C’est qu’une nouvelle donnée est en train de surpasser toutes les autres dans le grand jeu pour l’Amérique du Nord : l’essor démographique spectaculaire des Treize Colonies britanniques. Depuis le début du XVIIIe siècle en effet, l’écart de peuplement entre les colonies française et britannique n’a cessé de se creuser. Au moment où la Nouvelle-France peine à atteindre les 50 000 habitants d’origine européenne (pour un territoire grand comme trois fois la France !), l’Amérique anglaise est déjà forte de plus d’un million de colons. Et le différentiel ne cesse de grossir.

Zoom sur : le poids du peuplement français et britannique en 1750, à la veille de la guerre de la Conquête

Au milieu du XVIIIe siècle, la Nouvelle-France et la Louisiane comptent à peu près 90 000 habitants, dont les familles souches proviennent presque exclusivement de la France de l’Ouest. Depuis les années 1700, le flux de l’émigration s’est limité pour l’essentiel aux militaires et aux marins. La croissance démographique de la colonie française (qui se limitait à 2 000 habitants en 1660, et à peine 16 000 vers 1700) est due à une natalité exceptionnelle, de l’ordre de 65 pour 1 000 (la famille des LeMoyne d’Iberville en constitue un remarquable témoin !).

Carte des provinces d'origine des émigrants français en Nouvelle-France
Les colons français de Nouvelle-France sont majoritairement issus du nord-ouest de la France, tout particulièrement des régions du Perche et du Poitou.

Une autre carte qui montre bien combien l’Amérique du Nord demeure davantage une zone « d’influence » française qu’une véritable colonie de peuplement francophone, comparée tout particulièrement aux colonies britanniques voisines… L’histoire.fr) À noter toutefois une importante réalité invisibilisée par cette carte : la présence de près de 15 000 colons d’origine française en Nouvelle-Écosse, demeurés sur place après l’annexion britannique de la région en 1713.

L’État n’a guère encouragé les Français à s’installer en Nouvelle-France et en Louisiane, voire y a même pris des mesures restrictives (comme l’interdiction faite aux Protestants de s’établir au Canada). L’interminable hiver canadien a aussi rebuté nombre de candidats potentiels à l’émigration. En 1755, le quart de la population canadienne vit dans les villes de Québec (7 à 8 000 habitants), Montréal (4 000) et Trois-Rivières (1 000). Un effort est également fait pour accélérer le peuplement de Détroit (dont la ville américaine porte toujours le nom), la clé de voûte des Grands Lacs. La Louisiane, colonie presque marginale, compte alors quant à elle à peine 4 000 habitants d’origine française. Au regard de cette population rachitique d’un territoire représentant trois ou quatre fois la taille de la France, la volonté de défense voire d’expansion de l’Amérique française loin de ses (maigres) bassins de peuplement peut ainsi paraître avec le recul relativement questionnable, pour ne pas dire suicidaire :

Avec environ 24 millions de sujets en 1750, le royaume de France est l’État le plus peuplé à l’ouest de l’Oder, contre 10,4 millions aux îles britanniques (dont 6 millions d’Anglo-Gallois). Certes, la natalité française est peu dynamique comparée à celle d’Outre-Manche. Mais la masse humaine acquise intimide et surtout permet à Paris d’entretenir une armée considérable, la première d’Europe par son nombre. Jamais Louis XV ne manquera de soldats, un atout certain sur le continent. En revanche, en termes d’empire, la balance est pro-britannique, notamment grâce à la croissance spectaculaire des colonies nord-américaines : 900 000 colons en 1740, 1,6 million en 1760. Soit 12 à 20 fois la population du Canada français ! Dans ces conditions, la volonté d’expansion française vers le bassin de l’Ohio, une des causes de la guerre, est une vue de l’esprit. La faute au manque de discernement des Bourbons, qui ont fait fi des capacités céréalières pourtant non-négligeables au sud-ouest de Montréal. Le pays est de ce fait incapable de nourrir une nombreuse population, et encore moins une armée, ce qui sera une raison de sa chute.

Benoist Bihan, « Versailles contre Londres : deux mondes en opposition », article extrait du dossier « La guerre de Sept Ans : le Premier Conflit mondial » paru dans le n°21 du Magazine Guerres & Histoire (octobre 2014)

L’Amérique du Nord vers 1750. Un rapide coup d’œil sur cette cartographie d’ensemble permet immédiatement de saisir le pourquoi du sentiment d’encerclement qui travaille et agite si fortement les colonies britanniques (de même que la flagrante disproportion de peuplement qui distingue tout particulièrement l’Amérique française et anglaise…). Cette carte a enfin le mérite de rappeler une dernière réalité trop souvent ignorée de la lutte européenne pour l’Amérique du Nord : l’existence de l’immense Nouvelle-Espagne, et son expansion et rayonnement jusqu’aux confins du Texas et de la Californie, à l’interface de la zone d’influence française (les deux puissances sont alors gouvernées toutes deux par la famille royale des Bourbons et ont déjà commencé à faire front contre la menace britannique dont l’expansionnisme colonial et maritime suscitent de lourdes inquiétudes à Versailles comme à Madrid – bien que cette alliance demeurera sous-exploitée et se traduira par peu d’actions combinées malgré les intérêts communs).

Tandis que dans leur pénétration vers l’intérieur, les colons anglais s’étaient laissé arrêter ou retarder par la barrière boisée des Alleghanys [l’un des massifs des Appalaches, NDLR], les Français avaient tourné l’obstacle aux deux bouts et borné par avance la marche de leurs ennemis. Si l’occupation française se consolidait, les colonies anglaises ne formeraient bientôt plus qu’une longue enclave, enserrée par nous de trois côtés. Mais cette position diminuée devait leur paraître d’autant plus insupportable que si elles n’avaient pas eu l’audace, elles avaient au moins le nombre : un million d’habitants en 1740, contre 40 000.

Pierre Gaxotte, Le siècle de Louis XV, p. 201

Les Treize Colonies britanniques, regroupées sur une bande côtière plus étroite, sont déjà peuplées d’entre 1,5 et 2 millions d’habitants vers 1750 (elles n’en comptaient que 4 700 vers 1630 !). La croissance démographique est due à l’émigration – volontaire et surtout forcée – des minorités religieuses protestantes (Puritains, Quakers,…) venues trouver leur terre promise de l’autre côté de l’Atlantique (mais aussi, comme nous l’avons vu dans le chapitre précédent – et à la différence de la Nouvelle-France, d’un certain nombre « d’indésirables » sur le sol britannique : mendiants, vagabonds, criminels de droit commun, paysans ruinés, etc.). L’identité religieuse des Treize Colonies n’en est pas moins très marquée : les colons anglo-américains détestent les « papistes » (catholiques) canadiens, qui le leur rendraient bien (« la Nouvelle-France arbore son unité catholique comme un étendard », comme le rappelle avec justesse Edmond Dziembowski).

Face à cet écart démographique croissant et le risque qu’il fait peser sur l’avenir de la colonie, depuis le début XVIIIe siècle, les gouverneurs de la Nouvelle-France ont adopté une politique défensive (nous pourrions dire de containment). En s’appuyant sur le réseau de postes de traite qui maillent ses immensités du golfe du Mexique à celui du Saint-Laurent, et à défaut de parvenir à la peupler, il s’agit de fortifier la Nouvelle-France, et surtout de garantir l’unité entre les grands bassins de peuplement (relatifs) que constituent le Canada et la Louisiane. Loin de rassurer ses voisins toujours plus nombreux par son caractère a priori simplement défensif, cette politique de fortification aura pour paradoxe de ne faire que majorer l’inquiétude des colons britanniques et, in fine, de pousser ces derniers à l’offensive…

Si la fondation des premiers établissements coloniaux anglais en Amérique intervient dès le début du XVIIe siècle, c’est véritablement le XVIIIe siècle qui marque l’essor (formidable) des treize colonies anglo-américaines, qui doublent de population tous les dix ans, et connaissent rapidement de grandes dynamiques d’expansion dans la profondeur du continent, vers l’ouest et le nord (c’est-à-dire vers la Nouvelle-France et les territoires revendiqués et contrôlés par les Français, et vers le solide réseau de forts bâtis tout le long de la frontière par ces derniers).

Montréal dans les années 1750. Malgré son importance à l’échelle de la Nouvelle-France, la cité laurentienne n’est encore qu’une grosse bourgade, comme la France de Louis XV en compte des milliers…
(source : Les Pionniers du Nouveau Monde, tome 1, p. 4)

Le couvent des Ursulines de Trois-Rivières au XVIIIe siècle
Fondée en 1634 (et située à mi-chemin entre Montréal et Québec), Trois-Rivières est la troisième ville la plus importante de la vallée du Saint-Laurent au milieu du XVIIIe siècle.

Le port et la ville de Philadelphie aux alentours de 1750. Certaines villes anglo-américaines comme Boston ou surtout New-York, témoins de croissance urbaine et économique comme Amsterdam et Londres avaient pu en connaître respectivement deux et un siècle plus tôt, comptent déjà à elles seules presque autant d’habitants que toute la population francophone de la Nouvelle-France réunie !

Au socle « anglo-saxon » (Anglais, Écossais, Irlandais) qui constitue la part la plus importante des arrivants, vient s’ajouter l’immigration d’Europe centrale et septentrionale, ainsi que bien sûr l’apport africain alimentant la main d’œuvre servile des colonies médianes et méridionales (Virginie, Caroline, Géorgie – trois des futurs fameux « États du Sud »). Comme en Nouvelle-France, la majorité des colons vivent à la campagne, mais les villes portuaires (Philadelphie, New York, Boston,…) sont alors en pleine croissance. Face à de telles disparités de peuplement et de cultures, le choc entre les deux colonies semble ainsi inévitable…


Face à l’expansion des Treize Colonies, la stratégie défensive de la Nouvelle-France

Face à cet écart démographique croissant et le risque qu’il fait peser sur l’avenir de la colonie, depuis le début XVIIIe siècle, les gouverneurs de la Nouvelle-France ont adopté une politique défensive (nous pourrions dire de containment). En s’appuyant sur le réseau de postes de traite qui maillent ses immensités du golfe du Mexique à celui du Saint-Laurent, et à défaut de parvenir à la peupler, il s’agit de fortifier la Nouvelle-France, et surtout de garantir l’unité entre les grands bassins de peuplement (relatifs) que constituent le Canada et la Louisiane. Loin de rassurer ses voisins toujours plus nombreux par son caractère a priori simplement défensif, cette politique de fortification aura pour paradoxe de ne faire que majorer l’inquiétude des colons britanniques et, in fine, de pousser ces derniers à l’offensive…

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… Fin du Chapitre II …

Vous l’avez maintenant compris, les tensions en Amérique du Nord, à l’image du papillon et de la tempête, auront été l’étincelle d’un conflit planétaire : la guerre de Sept Ans, qui va encore dépasser en intensité et envergure le grand conflit qui l’avait déjà précédé, et dont l’Amérique du Nord ne constituera que l’un des théâtres (mais probablement le plus décisif vis-à-vis de l’Histoire du Monde).

Dans le quatrième et dernier chapitre (disponible ici), nous allons ainsi voir comment la série d’échauffourées qui se déroulent dans la vallée de l’Ohio en 1754-1755 vont achever de transformer une nouvelle guerre intercoloniale en une véritable guerre totale et mondiale entre la France et l’Angleterre, cette dernière s’apprêtant à déployer des moyens colossaux pour abattre une bonne fois pour toute le Canada français.

Les Franco-Canadiens, bien plus isolés et moins bien ravitaillés que les Treize Colonies, résisteront-ils à la force de frappe anglaise ? Parviendront-ils, grâce à leur mobilisation entière et à leur maîtrise de l’art de la guérilla, à contenir l’invasion britannique du Québec qui s’engage dès 1758 ? Vous connaissez probablement déjà la réponse, mais c’est toutefois ce que nous verrons dans le détail dans cet ultime chapitre, où nous nous intéresserons également à titre d’épilogue aux raisons profondes de la perte par la France de son empire américain, et à la mémoire et à l’héritage laissés par trois siècles de présence française en Amérique du Nord. À bientôt !


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