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La Nouvelle-France (1534-1803) : petite histoire en cartes de l’ancienne Amérique française !

Commençons par la magnifique carte ci-dessus, représentant l’ensemble des territoires des actuels États-Unis et Canada ayant à un moment été sous contrôle ou aire d’influence de l’ancienne colonie française d’Amérique du Nord, baptisée sous le nom de « Neufve-France » et connue aujourd’hui sous celui de « Nouvelle-France ». Une colonie explorée puis fondée au début du XVIIe siècle, et définitivement perdu en 1803 avec la cession de la Louisiane par Napoléon ; la partie la plus importante et la plus peuplée de la colonie – l’actuel Québec – ayant déjà été conquise et cédée aux Britanniques en 1763 suite à la guerre de Sept Ans. Voyons donc un peu tout cela en cartes !


Pour découvrir l’histoire passionnante de ce qui fut la plus grande colonie (en termes de superficie comme d’importance stratégique) du premier empire colonial français (à ne pas confondre avec le second des XIXe et XXe siècles), je vous renvoie vers ma riche série d’articles en trois parties consacrée à cette grande fresque historique (dont l’ensemble des cartes présentées ici sont extraites !).

L’histoire du Québec et de la Nouvelle-France nous renvoient il y a quelques siècles, quand la France se disputait avec l’Angleterre la place de première puissance d’Europe et du monde occidental. Une époque où les grandes puissances européennes étaient parties à la découverte du monde, de nouveaux mondes, qu’elles avaient ensuite colonisés, avec plus ou moins de violence et de succès.

Les Espagnols et les Portugais s’étant déjà partagé le monde entre Est et Ouest, et s’y étant déjà bien installés, c’est avec retard mais vigueur que les autres grandes puissances européennes (France, Angleterre, Hollande principalement) se décidèrent aussi à aller explorer et coloniser ce Nouveau Monde et ces fabuleuses richesses, sans parler de la concurrence pour trouver son mythique passage menant aux Indes et à la Chine par l’Ouest.

La France, par une certaine forme de hasard des choses, s’aventura et explora le golfe du Saint-Laurent, le remonta, et établi là le berceau de sa future colonie. Les Anglais et les Hollandais préférèrent quant à eux s’installer sur les plaines plus tempérées de la côte Est de l’Amérique, entre la Floride espagnole et le futur Canada français. Et toutes ces colonies se développèrent, s’agrandirent, se peuplèrent. Mais l’une d’elle, avec peu de moyens, fut abondamment explorée et s’étendit, plus, bien plus que toutes les autres..

Une belle carte d'époque du golfe du Saint-Laurent, le cœur du Canada français
Le golfe et la vallée du Saint-Laurent constituent, depuis le début de la colonisation française du Canada, le cœur de la Nouvelle-France, où se concentre l’essentiel de la population immigrée.

La Nouvelle-France en 1664
La Nouvelle-France et les territoires des colonies voisines, en 1664. Treize colonies britanniques qui connaîtront une croissance économique et démographique bien supérieures à celle de l’Amérique française, et qui encerclées par cette dernière, finiront inéluctablement par entrer en guerre avec leur grande mais vide voisine française, la conquérir et l’annexer

À son apogée, la Nouvelle-France (comme l’on appelle alors l’ensemble de la colonie nord-américaine française) est un territoire immense et grandiose, qui s’étend des Appalaches à l’Est aux grandes prairies à l’Ouest, et de la baie d’Hudson et du Labrador au Nord à la Louisiane et au golfe du Mexique au Sud, en passant par les Grands Lacs et la vallée et le golfe du Saint-Laurent, le cœur de la colonie. Une immensité de forêts, de lacs, de marais, de roches et de prairies, seulement peuplée de 70 000 colons et de quelques centaines de milliers d’Amérindiens (ces derniers ayant alors déjà été grandement décimés par les maladies importées par les colons..), avec lesquels les Français sont partout alliés et entretiennent de grandes alliances politiques et commerciales (sans parler de l’important métissage qui se développa dès la fondation de la colonie entre ces nations).

La Nouvelle-France après le traité d’Utrecht. On y voit bien apparaître en hachuré les territoires cédés par la France à la Grande-Bretagne (Terre-Neuve, Acadie péninsulaire,…) ; des zones toujours disputées malgré le traité au début des années 1750..

Une colonie prospère et baroque mais vide, comparée tout particulièrement aux colonies anglo-américaines, coincées entre les Appalaches et l’océan Atlantique, et dont le million d’habitants se sent bien vite très (trop) à l’étroit. Colons des fameuses « Treize Colonies » qui regardent vers le nord et l’ouest, vers les territoires de la Nouvelle-France, leurs contrées d’expansion naturelle. Il y aura d’abord des raids et des péripéties. Des conquêtes rapidement restituées, du moins au début. Et puis viendra de façon inévitable la grande guerre, une guerre totale, tragique, épique, et qui décidera du destin de la Nouvelle-France.

Carte de situation des Treize Colonies britanniques à la veille de la guerre de la Conquête
Les Treize Colonies britanniques à la veille de la guerre de la Conquête. Si la fondation des premiers établissements coloniaux anglais en Amérique intervient dès le début du XVIIe siècle, c’est véritablement le XVIIIe siècle qui marque l’essor (formidable) des treize colonies anglo-américaines, qui doublent de population tout les dix ans, et connaissent rapidement de grandes dynamiques d’extension dans la profondeur du continent, vers l’ouest et le nord (c’est-à-dire vers les territoires amérindiens et franco-canadiens de la Nouvelle-France).

L’Amérique du Nord vers 1750. Un rapide coup d’œil sur la carte générale permet immédiatement de saisir le pourquoi du sentiment d’encerclement qui travaille et agite si fortement les colonies britanniques (de même que la flagrante disproportion de peuplement qui distingue tout particulièrement l’Amérique française et anglaise…).

Une autre carte qui montre bien combien l’Amérique du Nord demeure davantage une zone « d’influence » française qu’une véritable colonie de peuplement, comparée tout particulièrement aux colonies britanniques voisines… L’histoire.fr)

Une histoire que je vous propose ainsi de découvrir en profondeur dans une série de 3 longs articles richement illustrés et documentés. Articles qui, de l’exploration du Canada à la cession de la Louisiane par Napoléon, des premiers comptoirs de commerce à la colonie royale, des alliances amérindiennes au grand conflit final avec l’Angleterre et ses colonies américaines voisines (et au travers de multiples et superbes cartes et illustrations), vous emmèneront ainsi à la découverte de l’ancienne Amérique française, à l’histoire aussi épique que riche d’enseignements !

La vallée de l’Ohio (sous les Grands Lacs, au milieu à gauche de la carte) concentre alors toutes les rivalités et tensions entre anglo-américains et franco-canadiens

Carte de la guerre de la Conquête (invasion et conquête du Québec par les Anglais)
La guerre de la Conquête (appelée dans le monde anglosaxon la « French and Indian War ») se traduira par sept années de violents affrontements (expéditions, attaques de forts, sièges, batailles rangées,…) entre les franco-canadiens (et leurs alliés amérindiens) et les anglo-américains, de 1754 à 1760.
Sémhur; via Wikimedia Commons)

Zoom sur : la guerre de Sept Ans (1756-1763), la première guerre mondiale de l’Histoire ?

S’ils eurent évidemment leurs ressorts et leurs protagonistes propres (tout en étant en partie à l’origine de cette guerre), les affrontements entre Franco-Canadiens (et Amérindiens) et Britanniques en Amérique du Nord ne constituent toutefois (il faut bien l’avoir en tête) que quelques pions dans la vaste partie d’échecs planétaire qui opposera la France et l’Angleterre (et leurs alliés respectifs) durant près de huit longues années, sur l’ensemble du continent européen aussi bien que sur près de la moitié des mers du globe !

Une guerre de « Sept Ans » qui s’inscrit elle-même, en outre, dans la continuité et conséquence directe de la précédente : la guerre dite de « Succession d’Autriche ». Guerre qui marqua quant à elle la fin de la « première Entente cordiale » entre nos chaleureux amis français et britannique (et plus exactement même l’ouverture de près d’un siècle d’hostilités et d’affrontements quasi-ininterrompus entre ces derniers – que de célèbres historiens se sont d’ailleurs plu à qualifier de « Seconde guerre de Cent Ans » !).

Par sa durée, par l’étendue des opérations et leur intensité, mais aussi par le nombre de puissances qu’il engage, ce gigantesque conflit planétaire mérite bien son titre de « première guerre mondiale » de l’Histoire. À l’exception des Provinces-Unies restées neutres, tous les grands empires européens sont en effet impliqués dans le conflit – qui se déploiera sur pas moins de quatre continents et de trois océans. Cette guerre se démarque également par ses ressorts : pour la première fois en effet, l’influence des héritages dynastiques est mineure, et ce sont désormais les intérêts géopolitiques et socioéconomiques et non plus la politique qui constituent la première préoccupation des puissances engagées dans ce conflit – une rupture qui le distingue fondamentalement des précédents. Par le caractère vraiment global de la lutte qui opposera en particulier la France et la Grande-Bretagne dans ce conflit, la guerre de Sept Ans inaugure et préfigure les grandes guerres du XIXe et du XXe siècle, tout en signant le début de l’ère de la puissance navale et du contrôle géostratégique du monde !

Loin d’en être le terrain central, l’espace nord-américain ne constitua ainsi que l’un des théâtres d’une guerre qui se porta ainsi de l’Atlantique à l’océan Indien (en passant par les Antilles), de la Méditerranée aux côtes brésiliennes et africaines (et, continentalement, de l’Espagne à la Pologne actuelle). Un conflit de plus entre grandes puissances européennes (les fameux « Great Power » de l’époque) qui, s’il restera fortement et premièrement terrestre, atteindra également une dimension maritime et internationale inédite, de par l’intensité des enjeux et des frictions coloniales qui s’y manifesteront. Autant de dynamiques qui préfigureront d’ailleurs du nouvel ordre mondial (caractérisé par la complète hégémonie maritime et coloniale britannique – connue ultérieurement sous le nom de « Pax Brittanica ») sur lequel déboucheront plus tard les guerres révolutionnaires et napoléoniennes.

Les empires coloniaux européens en 1756, à l'aube de la guerre de Sept Ans (© Sur le champ)
Les empires coloniaux des grandes puissances européennes à l’aube de la guerre de Sept Ans (en bleu : le premier empire colonial français, en rouge : l’empire britannique, en marron : l’empire espagnol, en vert : l’empire portugais, et en jaune enfin, l’empire néerlandais).
(Source : un autre visuel produit par Quentin de la chaîne d’histoire Sur le champ, dans le cadre de ses deux épisodes consacrées à la guerre de Sept Ans)

Les grandes batailles de la guerre de Sept Ans (1756-1763)
La guerre de Sept Ans est un conflit d’envergure planétaire qui se portera sur trois continents distincts : l’Amérique du Nord (et les Antilles), le sous-continent (et l’océan) indien, et le continent européen. En ce sens, elle est considérée par de nombreux historiens comme la première véritable « guerre mondiale » de l’Histoire !

Une magnifique carte de synthèse des grandes batailles terrestres et navales de la guerre de Sept Ans réalisée par le magazine Guerres & Histoire (n°21 d’octobre 2014). Du théâtre nord-américain aux Philippines en passant par l’océan Indien, l’Afrique, l’Europe et les Caraïbes, celle-ci met particulièrement bien en évidence la dimension planétaire inédite de ce conflit… !

Sept ans d’une guerre aussi méconnue que déterminante de l’histoire du Monde (et aux origines de tous les grands conflits du XVIIIe siècle qui lui succèderont), dont je vous propose d’explorer les événements et surtout les grands tenants et aboutissants dans la série d’articles dédiée présentée ci-dessous : une grande fresque historique s’apparentant au nécessaire et passionnant liant entre la présente histoire de la Nouvelle-France et celle de la future guerre d’Indépendance américaine (et plus largement l’un des épisodes centraux d’une vaste série du blog sur cette aussi méconnue que décisive Seconde guerre de Cent Ans !).

L’expérience de plusieurs siècles doit avoir appris ce qu’est l’Angleterre à la France :
ennemis de prétentions à nos ports et nos provinces,
ennemie d’empire de la mer, ennemie de voisinage,
ennemie de commerce, ennemie de forme de gouvernement.

le duc de Saint-SIMON, TOUjours touT EN MESURE et en retenue… !

Pour aller plus loin… 🔎🌎

Ce petit épisode de la série des « Il était une fois… » du blog est en fait extrait de mes deux grandes séries consacrées respectivement à l’épopée de la Nouvelle-France et à la guerre de Sept Ans. Si l’histoire du Canada français et plus globalement celle des empires coloniaux et du « grand XVIIIe siècle » vous intéressent (ce fut en effet une période charnière de l’Histoire moderne), je vous oriente ainsi vers la découverte de ces deux riches séries documentaires.

La première, de l’exploration du Canada à la cession de la Louisiane par Napoléon, des premiers comptoirs de commerce à la colonie royale, des alliances amérindiennes au grand conflit final avec l’Angleterre et ses colonies américaines voisines (et au travers de multiples et superbes cartes et illustrations), vous emmènera ainsi à la découverte de l’ancienne Amérique française, à l’histoire aussi épique que riche d’enseignements !

Et la seconde (consacrée à la guerre de Sept Ans) pour découvrir en profondeur l’histoire de cet immense conflit, considéré par de nombreux historiens comme la première véritable « guerre mondiale » de l’Histoire. Un conflit qui débutera (et se propagera) en effet dans l’ensemble des empires coloniaux du monde, lui conférant ainsi une dimension planétaire et maritime inédite. Une guerre constituant en outre le plus grand choc de l’intense conflit global qui opposera tout au long du XVIIIe siècle la France et la Grande-Bretagne pour la domination (de la mondialisation) du monde ; une suite ininterrompue de conflits, de Louis XIV à Waterloo, d’ailleurs qualifié de « Seconde guerre de Cent Ans » par certains historiens. Une passionnante série d’articles en forme de grande fresque historique, qui vous portera ainsi des Grandes Découvertes à la chute du Canada et des Indes françaises, et de la fondation des grandes empires coloniaux européens outremers et de la naissance de la mondialisation maritime à l’émergence d’un nouvel ordre mondial caractérisé par l’hégémonie planétaire britannique (sur les plans maritime, colonial, économique,…). Une grande série qui vous amènera aussi à mieux comprendre tant les racines de la guerre d’Indépendance américaine que celles de la Révolution française et des guerres napoléoniennes ; autant d’événements qui structureront décisivement notre monde contemporain !

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