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L’évolution des frontières de l’Italie romaine

Une sympathique petite carte détaillant l’évolution des frontières de l’Italie romaine, à comprendre comme l’évolution de la délimitation de l’espace territorial entendu comme « l’Italie », le seul dont les habitants non-esclaves ou métèques sont par définition considérés comme des « citoyens romains ».

Un statut d’une haute importance dans le monde romain, les citoyens étant le seul groupe social ayant le droit de participer aux élections des consuls, sénateurs, etc., c’est-à-dire de contribuer à la vie civile et politique de la République puis de l’Empire romains et ainsi d’avoir une influence sur la politique romaine.

On le comprend donc, faire ou non partie de « l’Italie romaine » (non au sens géographique mais administratif et donc politique) étant un grand enjeu pour les habitants de la péninsule italienne. Car en effet, tous les territoires qui relèvent géographiquement de « l’Italie » actuelle n’ont pas toujours fait partie de l’Italie romaine.

À l’époque où Jules César, après une brillante année de consulat, devient gouverneur des provinces de Gaule transalpine et cisalpine et s’apprête à engager la guerre des Gaules, la Gaule cisalpine, bien que techniquement en Italie (cette province correspondant à tout le nord de l’Italie actuelle), ne faisait pas partie de l’Italie « romaine » : cette dernière (qui comprenait toute la botte italienne mais non la Sicile) s’arrêtait en effet au niveau du fleuve Rubicon – un nom que Jules César fera d’ailleurs également entrer dans l’Histoire.. !

C’est précisément d’ailleurs l’importance symbolique que revêtira le franchissement du Rubicon par Jules César en 49 av. J.-C. : les généraux romains déclarés hors-la-loi avaient l’interdiction formelle du Sénat de pénétrer en Italie (qui plus est avec une armée..). Ce que fera alors César, déclenchant du même coup la longue guerre civile qui déchirera pendant plus de deux décennies le monde romain, et débouchera sur la fondation de l’Empire romain par Auguste (une complexe et passionnante histoire que j’aurai l’occasion de vous raconter ici-même l’année prochaine si tout va bien.. !).

D’ici là, retenons ceci : la délimitation des frontières de l’Italie romaine étant politiquement et électoralement hautement stratégique. Gouverneur durant plus d’une décennie de la province de Gaule cisalpine (où il lèvera d’ailleurs plusieurs légions), Jules César obtiendra ainsi (après l’élimination de ses différents rivaux et son arrivée aux pleins pouvoirs en 45 av. J.-C.) l’extension de l’Italie romaine à cette province (qui de facto n’en sera plus une, et dont les habitants non-esclaves ou métèques (et non-femmes..) deviennent ainsi du jour au lendemain des citoyens romains.. !).

La moitié nord de l’Italie sous Auguste, après la réforme de l’an 7. L’Italie avait été divisée en 11 régions administratives. La Gaule cisalpine correspondait aux régions suivantes : Regio XI Transpadana ainsi qu’à la Cispadana.

Une mesure hautement électoraliste, les habitants de cette province (dont il a été des années le gouverneur) lui étant en effet largement politiquement acquis, lui permettant ainsi de considérablement renforcer sa base électorale et de fidèles dans les élections à venir (et auxquelles peuvent donc participer uniquement les citoyens romains – désormais élargis à tous les habitants concernés de la Gaule cisalpine de César.. !). Mais je ne vous apprendrais pas ici combien Jules César était un fin stratège politique.. Je peux par contre (en attendant d’en faire une série d’articles dédiée !) vous dire quelques mots sur la guerre des Gaules, au travers de quelques belles cartes !

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Une Italie romaine lourdement impactée par la guerre des Gaules

À la veille de la conquête romaine, la Gaule est loin de vivre complètement détachée du monde romain. Une partie de la Gaule, dite « transalpine » (et future Gaule « Narbonnaise »), a déjà été conquise par les Romains depuis plus d’un siècle, et constitue une des provinces de la République Romaine, dont César devient gouverneur en -59 av. J.-C.

Carte de l'Europe à la veille de la guerre des Gaules (58 av. J.-C.)
L’Europe à la veille de la guerre des Gaules (58 av. J.-C.)

Le reste de la Gaule, dite « chevelue » (non en référence comme on le pense souvent à la capillarité des Gaulois, mais aux nombreuses forêts qui couvrent alors leur territoire), constitue un vaste ensemble très peuplé et très agricole (les Gaulois sont en effet avant tout un peuple de fermiers et d’artisans). Une région riche et structurée autour d’une centaine de grandes tribus, dont certaines occupent des positions semi-dominantes dans cette Gaule de culture celtique (et même germanique sur certaines portions du territoire – la Gaule dite « Belgique »).

Malgré sa culture celtique ou germanique, une large partie de cette Gaule (en particulier celle du sud) est déjà plus ou moins « romanisée » : elle commerce énormément avec les Romains, s’habille « à la romaine », est alliée avec les Romains, voire vit sous la protection de ces derniers (c’est d’ailleurs comme cela que tout va commencer, dans le cadre de la migration du peuple helvète en Gaule – mais c’est une autre histoire que je vous raconterai en détail un jour.. !).

Carte de la Gaule à la veille de la conquête romaine (guerre des Gaules)
Les cinq Gaules (Belgique, Armorique, Celtique, Aquitaine et Transalpine)

Certaines grandes tribus, telle celle des Éduens, alliés de Rome, occupent en outre une position centrale dans l’organisation sociale et politique du pays (qui n’en est pas encore un). C’est le peuple dit « principates » : celui qui exerce le plus d’influence sur les autres, notamment lors des grandes assemblées des peuples gaulois qui se réunissent lorsqu’une menace ou une problématique pèse sur l’ensemble de la Gaule (qui reste une mosaïque de peuples partageant une même culture – la culture celtique en l’occurrence, et qui ne se pense pas encore comme une nation ou un pays en tant que tel).

Vers le milieu du 1er siècle av. J.-C., ce peuple principates est alors en l’occurrence celui des Éduens : une riche tribu commerçante du centre de la Gaule, installée autour de la Loire et de la Saône. Une tribu incontournable qui aura une grande importance dans la guerre des Gaules, cet ensemble de campagnes des légions romaines menées par l’ambitieux César visant à annexer les territoires des Gaules à la République Romaine (annexion qui marquera la fin de la Gaule celtique).

Les peuples et tribus de la Gaule celtique à la veille de la conquête romaine

À la veille de la guerre des Gaules et de la conquête romaine, il faut enfin retenir que selon les estimations, la Gaule celtique compte alors de 8 à 12 millions d’habitants : un chiffre considérable pour l’époque, et à mettre en perspective avec les seulement 4 millions d’habitants (dont presque 3 millions d’esclaves) qui peuplent pour leur part l’Italie romaine !

À l’aube du Premier millénaire, la Gaule est ainsi un pays riche et très développé, un grand exportateur agricole, et le portail du commerce avec l’Europe du Nord (très important à l’époque en matière de minerais – tout particulièrement l’étain, indispensable à la fabrication du bronze). Une situation qui ne pouvait manquer à ce titre d’attirer et d’attiser les convoitises romaines..

Si le sujet de la guerre des Gaules vous intéresse, je vous recommande notamment le visionnage de l’excellente série documentaire produit par la chaîne YouTube de vulgarisation historique Batailles de France, accessible ci-dessous :

Également, si l’histoire de l’épopée césarienne et de la fin de la République Romaine vous intéresse, je vous recommande les excellentes vidéos consacrées à ces thèmes de la chaîne YouTube Historia Civilis. Une chaîne anglosaxonne d’excellente qualité, dont les vidéos sont sous-titrées, et dont je vous partage ci-dessous le 1er épisode de la série de 21 vidéos que la chaîne a ainsi consacrées à l’épopée césarienne (parmi foule de nombreux autres passionnants sujets de l’histoire antique méditerranéenne.. !) :

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Un autre épisode de « l’Histoire en cartes » proposant, au prisme du détroit de Gibraltar, une chouette petite plongée dans l’histoire du bassin méditerranéen (et de quelques-unes de ses grandes civilisations) .. !

Et sinon, pour les intéressés et autres curieux, vous pouvez prendre connaissance de tous mes articles, (photo)reportages, récits de voyage, documentations et cartes liés plus globalement aux Gaulois, à l’Empire romain ainsi qu’aux anciennes civilisations, en consultant mes rubriques respectivement dédiées à ces domaines (accessibles ici : catégorie « Gaulois », catégorie « Rome antique » et catégorie « Anciennes civilisations »).

Et si d’autres sujets et thématiques vous intéressent, n’hésitez pas également à parcourir ci-dessous le détail général des grandes catégories et rubriques du site, dans lesquels vous retrouverez l’ensemble de mes articles et cartes classés par thématique. Bonne visite et à bientôt !

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