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Il était une fois : la France paysanne sous l’Ancien Régime

Le sombre tableau que je semble avoir dressé de la condition paysanne sous l’Ancien Régime dans le cadre de ma série sur la Bête du Gévaudan mérite que nous nous y arrêtions un instant. Comme souvent en Histoire, il se doit d’être nuancé par un certain nombre de connaissances peu connues du grand public d’aujourd’hui, mais déterminantes pour comprendre le soutien sur le long terme d’une grande partie de la population de France à la Royauté, ainsi que les racines de ce que nous appelons aujourd’hui la « Révolution française ».

Dans ce petit article extrait de ma grande série sur l’histoire (vraie) de la Bête de la Gévaudan (une histoire extraordinaire, et la plus grande énigme du règne de Louis XV), je vous propose ainsi de revenir sur les grandes caractéristiques de la vie paysanne sous l’Ancien Régime, la façon dont les communautés villageoises s’organisaient et fonctionnaient, car leur condition et leur pouvoir dans la France de l’époque étaient peut-être bien moins caricaturales et « oppressées » que nous pourrions initialement le penser (le point-clé étant surtout de constater combien cette organisation paysanne multiséculaire va être bousculée par le libéralisme économique et les sirènes de l’advenue de l’argent-roi…). Bonne lecture !


Les communautés villageoises sous l’Ancien Régime : des formes de communisme avant l’heure ?

Un petit article de la cartothèque du blog sur l’histoire de la démographie française, à consulter en complément pour les intéressé(e)s !

La France a toujours été un grand pays agricole. Dès l’Antiquité, et avant-même la conquête romaine, la Gaule est déjà un pays très peuplé, riche et prospère, un territoire couvert de villages et de fermes (ceci du fait de son climat tempéré et de sa remarquable proportion de terres fertiles). Durant tout le Moyen-Âge, et jusqu’à la période industrielle, la France reste ce faisant la superpuissance démographique de l’Europe, comptant presque autant d’habitants à elle seule que tous ses grands voisins réunis (Angleterre, Espagne, Italie, Allemagne, Provinces-Unies) ! Une puissance démographique qui a ainsi longtemps été à l’origine de la puissance économique et militaire du royaume de France, qui disposait d’un vaste territoire agricole et d’un réservoir d’hommes bien supérieur à ses voisins (un sacré avantage avant la guerre moderne).

Sous l’Ancien Régime, au tournant du XVIIIe siècle, le royaume de France compte plus de 25 millions d’habitants. Près de 90% d’entre eux sont des paysans. Cette « classe paysanne » (qui constitue alors l’essentiel de la population française) est, contrairement à ce que l’image obscure que nous avons de ces temps nous en dresse, une population relativement organisée et autonome, vivant essentiellement en milieu rural, et fonctionnant globalement sur le principe de la communauté villageoise.

La communauté villageoise fonctionne sur le principe de la solidarité et de la propriété collective. Chaque village disposait ainsi de ce que l’on appelait autrefois les « communaux » : des espaces collectivisés qui permettent de fournir théoriquement à chacun les biens collectifs élémentaires nécessaires à la subsistance : pâturages pour faire paître les bêtes, forêts pour se fournir en bois de chauffage, marais et points d’eau pour permettre au bétail de s’abreuver, etc. La plupart des champs sont également gérés de façon collective. La communauté les cultive, fait collectivement la moisson et partage la récolte. Il existe des champs privés, exploités à titre individuel, mais concernant ces derniers, existe ce que l’on appelait le droit de « vaine pâture », qui autorise les paysans à faire paître leurs bêtes sur ces champs une fois la moisson réalisée (autrement dit, les propriétaires de ces champs n’en ont en pratique qu’un droit d’usage, l’usufruit diront-on dans le langage moderne, mais ceux-ci demeuraient in fine propriété collective du village).

Sur ce passionnant sujet de la condition paysanne et de l’organisation des communautés paysannes sous l’Ancien Régime, je renvoie les intéressé(e)s vers les travaux et recherches de l’historienne Marion Sigaut, et notamment vers ses différentes conférences en ligne telles que celle-ci !

Du point de vue de leur organisation sociale et politique, ces villages fonctionnent dans la pratique dans une forme d’autogestion par leurs habitants. Les décisions concernant la vie du village (organisation des semis, des moissons, etc.) sont prises lors d’une assemblée générale, qui se tient généralement le dimanche à la sortie de la messe. C’est également lors de ces assemblées que la communauté décide la ventilation (répartition) de l’impôt (en particulier de la taille) qui lui émane de l’État. Oui, car contrairement à ce que nous pouvons imaginer sur la base de notre système actuel, ce n’est pas l’État central qui décide alors individuellement qui paye combien. En fait, l’État sous l’Ancien Régime se contente d’établir combien chaque village (paroisse) doit lui verser d’impôt, et c’est ensuite la communauté villageoise qui décide en assemblée de la répartition de l’impôt entre les individus (familles) du village. L’État (le Roi) demande, et le village répond en répartissant la somme due entre ses membres.

Sur l’organisation et le fonctionnement administratifs de la France d’Ancien Régime, je recommande également la lecture de cet autre article (extrait lui aussi de ma série sur la Bête du Gévaudan) !

Hormis en ce qui concerne la guerre, c’est ainsi la communauté villageoise elle-même qui prend toutes les décisions qui concernent la vie du village (ce qui ne veut pas dire qu’il n’existait pas évidemment des rapports de force et des inégalités structurelles au sein même de ces communautés : bien sûr les paysans les plus aisés exerçaient-ils leur influence au détriment des plus modestes, de même que le pouvoir des femmes dans ces assemblées étaient bien moindres que celui des hommes). Mais reprenons. Les conflits se règlent lors d’une assemblée spéciale qui se tient tous les mois, à laquelle participe le seigneur qui joue le rôle de juge et d’arbitre. Le Roi joue quant à lui un rôle de garant et de recours dans ce système : il est parfois appelé pour résoudre un litige à l’intérieur d’un village ou entre plusieurs villages. Le village est aussi une personne morale, qui peut intenter des procès en son nom (notamment contre son seigneur), et qui peut les gagner (sur le principe des class action modernes !). Les villes sont organisées peu ou prou de la même façon : ce sont elles qui décident de leur organisation et de leur fonctionnement. Elles disposent elles-aussi d’une grande autonomie, du moment qu’elles répondent à leurs obligations vis-à-vis de l’ordre royal (versement de telle somme d’impôt, envoi d’un contingent de tant d’hommes pour la guerre, etc.) et qu’elles ne se dressent pas contre son autorité (ce qui était assez courant, en particulier de la part des villes constituant des grands foyers protestants durant les guerres de religion).

Dans ces villages, d’une certaine façon, l’extrême misère est assez rare (ou du moins quand elle est importante du fait de disettes ou de guerre est-elle collectivement partagée). Même s’il ne possède rien, chaque membre du village a accès en théorie aux biens de subsistance élémentaires (champs, pâtures, eau, bois, etc.). Bien sûr, les communautés paysannes sont tributaires des événements extérieurs qui leur échappent et qui impactent leur survie : mauvaises récoltes du fait de catastrophes naturelles, guerres ou phénomènes de banditisme qui ravagent le territoire et se traduisent généralement par destructions, pillages et crimes, etc.


Quand le libéralisme vient bousculer la (sur)vie paysanne

Cette organisation pluriséculaire des communautés rurales va être mise à mal dès la Renaissance et surtout durant le XVIIIe siècle par le développement du libéralisme économique. Dès la fin dès la fin du XVIIe siècle, des gens issus de la bourgeoisie des villes (souvent des magistrats, avocats, notaires) se mettent à acheter massivement des terres à la campagne afin de les faire fructifier. Du fait des années de guerre qui ont marquées en particulier la fin du règne de Louis XIV, de nombreux paysans comme de petits seigneurs locaux sont alors très endettés, et contraints de vendre une partie de leurs communaux (champs, bois, marais) pour survivre. Encouragés par des exemptions fiscales, ces bourgeois engagent notamment des opérations d’assèchement de marais afin d’y cultiver du blé à la place, celui-ci constituant alors un commerce très lucratif (en même temps que le principal aliment de la population). Nous sommes à ce moment en plein triomphe des « Lumières », dont la première liberté promue reste avant tout celle du commerce, de la libre entreprise et des « libertés économiques » (ainsi que son corollaire de la sacro-sainte « propriété individuelle », dont le principe n’existe pas vraiment au sein des communautés villageoises rurales).

À l’heure de la physiocratie et du « libre commerce » qu’appellent de leurs vœux les libéraux des Lumières, en ce milieu de XVIIIe siècle (et pour dire les choses de façon très triviale) : l’heure est à l’idée et l’envie chez beaucoup de faire de l’argent (pour de l’argent) – entreprise jusqu’ici extrêmement mal vue dans le contexte des mentalités chrétiennes de l’époque. Cette révolution est en particulier le fait de la bourgeoisie des villes, qui n’a effectivement cessée de croître en nombre et en puissance depuis la Renaissance, et qui en plus de s’être formidablement enrichie grâce à l’explosion du commerce colonial, investit depuis un moment dans la terre. Et en particulier dans la culture et le commerce du blé, où commencent à se mettre en place des mécanismes de spéculation sur cette denrée de subsistance fondamentale.

Or pour rappel, jusqu’ici (et depuis peu ou prou le temps de Charlemagne), la vente du grain (du blé) était extrêmement réglementée (et surveillée de près par le pouvoir royal). L’organisation du commerce des grains était en effet assurée par les marchands, qui avaient la responsabilité d’approvisionner les villes et les régions qui manquaient de grains avec les surplus de celles qui disposaient d’excédents. Le grain (blé) est alors intégralement vendu sur les marchés des villages, dans le lieu spécifiquement prévu à cet effet, et il est rigoureusement interdit de le vendre ailleurs (directement chez le producteur, par exemple).

Sur le marché au grain, ce sont d’abord les habitants qui se servent, puis les boulangers, puis les restaurateurs, et enfin les marchands – qui ne disposent que d’un créneau très limité pour opérer l’achat, et qui peuvent ensuite revendre les surplus ailleurs sous réserve de ne pas réaliser de profit injustifié sur la marchandise. Les prix sont encadrés et négociés au cas par cas dans les territoires. Une police existe même et a pour rôle de contrôler spécifiquement les achats et ventes de ces marchands, afin de garantir que la population locale ait pu accéder à ses besoins en blé avant toute redistribution et revente, de même que pour s’assurer que le blé vendu par les marchands a bien été acheté dans la légalité, et que ces derniers ne réalisent pas de plus-value non justifiée sur la vente (et surtout ne stockent pas le grain pour faire baisser l’offre, monter les cours et le revendre plus cher). Le même système est appliqué dans les villes.

Autrement dit, jusqu’au début des années 1760 en France, le blé est considéré et géré comme un bien commun. Son exportation à l’étranger est rigoureusement interdite depuis Henri IV, et sa marchandisation subordonnée à l’intérêt général. La vente et la circulation du blé sont conçues comme un service public, et à ce titre étroitement réglementées et régulées. Dans cette logique d’État-Providence avant l’heure, les marchands, non-directement employés par l’État, ont la responsabilité de collecter les surplus là où il y en a et de les redistribuer là où il y en a besoin. Connus pour leur tendance aux pratiques monopolistiques (Louis XIV était déjà monté au créneau sous son règne face au phénomène de marchands stockant le blé et aggravant les disettes), ils ne sont guère appréciés de la population, et la police veille « au grain » (vous avez maintenant compris d’où vient l’expression… !) à empêcher tout abus et enrichissement personnels des marchands sur le dos des populations paysannes.

Lors des périodes de disettes (manques) provoquées par un facteur quelconque (conflit, mauvaise récolte, sécheresse, grêles, inondations, etc.), un mécanisme public supplémentaire de régulation existe : on l’appelait la Taxation. La mesure consistait pour la Royauté à taxer le prix de vente du blé par les marchands et à récupérer la plus-value. Autrement dit, la taxation revenait à plafonner le prix du blé, à en fixer un tarif de vente maximum. Elle s’appliquait également en période de crise à d’autres denrées de subsistance essentielle (telles que le bois ou la cire par exemple).

Il faut bien retenir que la mesure s’inscrivait dans ce qui était conçu comme l’une des missions les plus fondamentales du Roi envers sa population : assurer sa subsistance. Le premier devoir du Roi, son devoir suprême d’une certaine façon vis-à-vis des attentes concrètes et quotidiennes des habitants du pays, était ainsi que tout le monde ait in fine de quoi se payer du blé pour manger. Et lorsqu’il y avait disette, la population réclamait immédiatement la « Taxation », et le Roi la mettait en place. Ainsi fonctionnait la France de l’Ancien Régime.


La libéralisation de la circulation du grain à l’origine de la Révolution française ?

Malgré l’efficacité du système, avec la diffusion des idées des « Lumières » (et surtout la pensée libérale qui accompagne ce qu’il convient bien d’appeler une idéologie), les choses vont changer, et radicalement. Dès les années 1750, des gazettes et revues d’avant-garde propagent les concepts et idées de la physiocratie, qui s’apparentent aux principes du libéralisme économique tels que nous le connaissons (réduction voire suppression des entraves au libre commerce – barrières douanières, dispositifs de contrôle public, travail règlementé,…). Par l’intermédiaire de Madame de Pompadour (qui les introduit jusqu’au cœur de la Cour), les physiocrates gagnent l’oreille du Roy, et parviennent à le convaincre de libéraliser le commerce du grain en lui promettant en conséquence un développement économique et agricole qui entrainera une hausse des recettes fiscales et ce faisant une réduction de la dette publique (le sujet qui intéresse le plus Louis XV, toujours à courir comme tous ses prédécesseurs derrière les rentrées d’argent, l’endettement du pays étant en effet particulièrement critique en ce début des années 1760 au sortir d’une guerre de Sept Ans désastreuse et qui a ruinée le pays…).

Sous la houlette du nouveau contrôleur général des Finances, M. de l’Averdy (un nom que nous connaissons bien dans le cadre de cette série), une réforme radicale est opérée en 1763. En quelques mois, on cesse d’enregistrer les marchands de blé (comme cela était jusqu’ici la norme), on autorise la vente et l’achat du blé hors des marchés, on autorise la circulation du blé d’une province à une autre et on abolit les taxes douanières. Quelques mois plus tard, on autorise même l’exportation du grain (pratique interdite depuis Henri IV et considérée jusqu’alors comme un crime de lèse-majesté, c’est-à-dire passible d’une condamnation à mort !), et dans le même temps l’importation, qui doit permettre d’équilibrer l’offre et la demande. Tout le système de la Taxation est également aboli du même coup. Des philosophes des Lumières comme Turgot ou Voltaire réclamaient ces mesures depuis des années, et n’avaient pas de mots assez durs pour critiquer la police du grain, quand les mêmes encensaient les marchands et louaient les mérites et les bénéfices collectifs supposés des comportements basés sur l’intérêt personnel (intérêts personnels considérés globalement par la pensée libérale comme autant de relais et vecteurs de l’intérêt général).

En résumé, en quelques mois, la Royauté fait sauter tout son service public de (re)distribution du grain et dérégule totalement le secteur (ça doit peut-être vous rappeler quelque chose… !). Et que croyez-vous qu’il arriva ? Je vous le donne en mille : des résultats globalement catastrophiques. Pas de cercle vertueux annoncé de hausse des prix entrainant hausse des salaires et ce faisant des impôts. Non, au lieu de ça, les prix du blé flambent, les paysans (qui ne produisent pas tous leur propre blé, car nombre d’entre eux sont producteurs de légumes, de vin, élèvent du bétail, etc.) ne peuvent plus se payer leur pain. À la même époque, sur idée toujours des partisans du libéralisme économique toujours si soucieux déjà de « libérer les énergies » (traduisons les : marchandiser le travail), la Royauté (sur pression des ministres libéraux) tente l’abolition du système des corporations, ce qui provoque un écroulement des salaires. Depuis le Moyen-Âge en effet, les métiers étaient organisés en corporations, sorte de syndicats avant l’heure qui permettaient dans chaque domaine aux artisans de définir eux-mêmes la règlementation de leur secteur d’activité ainsi que de défendre collectivement et d’une seule voix les intérêts de leur profession, le système étant tout en haut garanti par le Roi (autrement dit, la classe ouvrière fonctionnait alors dans une forme d’auto-gestion… !).

Eh oui, votre serviteur a aussi écrit une série pour vous raconter la guerre d’Indépendance américaine et le rôle de la France dans cette dernière !

Ces nouvelles « expériences libérales » produisent à nouveau des résultats catastrophiques, et des émeutes de la faim éclatent partout en France. Déjà quinze avant la Révolution française, le pays est presque en état d’insurrection. Face à la crise, le Roi (Louis XV) revient finalement sur les mesures et rétablit l’ancien système. Avant que celui-ci ne soit réexpérimenté sous le règne suivant, avec les mêmes résultats. Il faut dire qu’après les guerres de Sept Ans puis l’implication de la France dans la guerre d’Amérique (qui offre aux Treize Colonies britanniques leur indépendance), le Royaume est littéralement ruiné. Si la noblesse d’épée paye « l’impôt du sang » (carrières militaires généralisées et implication considérable dans l’effort de guerre), de nombreux anoblis (souvent des magistrats et bourgeois des villes) ne payent eux tout simplement aucun impôt.

Pire : ces derniers bloquent systématiquement toute réforme fiscale initiée par la Royauté qui aurait pour effet de leur établir une imposition. La bourgeoisie contrôle en effet les Cours souveraines et en particulier les Parlements, qui ont pour fonction d’enregistrer et de faire appliquer les édits royaux – et donc les nouveaux impôts souhaités par le Roi ! (pour celles et ceux que ce sujet intéresse, je vous renvoie vers cet autre article du blog, consacré spécifiquement aux Parlements d’Ancien Régime et leur rôle politique centrale dans la France des XVIIe et XVIIIe siècles)

En France, l’État absolutiste, de la mort de Colbert (1683) à la Révolution, perd progressivement de son efficacité et la bourgeoisie qui achète des « offices » se saisit d’une part considérable de l’autorité politique. C’est contre le roi que se dressent des libertés provinciales. Les privilèges sociaux (clergé, noblesse et tiers-état) sont comme incrustés dans la structure de l’État français qui n’arrive pas à s’en débarrasser, et ratera à cause d’eux les réformes « éclairées » du XVIIIe siècle.

Fernand Braudel, Grammaire des civilisations, p. 442

Sur cet autre passionnant sujet des racines « libérales » de la Révolution française (et de comment le libéralisme économique aurait grandement participé de la situation de crise aboutissant à cette dernière), je renvoie à nouveau les intéressé(e)s vers cette passionnante conférence de Marion Sigaut, historienne spécialiste de la France d’Ancien Régime.

Complètement dans l’impasse et à la tête d’un État proche de la banqueroute, un certain Louis XVI convoque alors les États Généraux (l’assemblée des représentants des trois ordres du pays), seule instance nationale habilitée, entre autres, à réformer la fiscalité générale. Du fait de catastrophes naturelles (orages violents, hiver volcanique,…), les années 1787 et 1788 ont en effet été marquées par de très mauvaises récoltes, et le peuple crève littéralement de faim. En cette veille de 1789, en conséquence de tous ces phénomènes, et en à peine un demi-siècle, le paysan français a perdu 80% de son niveau de vie. Et l’appauvrissement et l’exploitation ne font que commencer, car la bourgeoisie lui volera même sa révolte pour la transmuter en révolution libérale, et faire entrer la France dans l’ère du capitalisme industriel comme l’a déjà fait son voisin d’outre-Manche. Mais ça, c’est une autre histoire… 😉

Le 05 octobre 1789, lors de la fameuse Marche des Femmes, des milliers de parisiennes feront le chemin jusqu’à Versailles pour venir sous les fenêtres du roi réclamer du pain et forcer Louis XVI à retourner à Paris. Toute une symbolique ici du crépuscule du Royauté…


Pour aller plus loin… 🔎🌎

Ce petit épisode de la série des « Il était une fois… » du blog sur l’organisation administrative de la France d’Ancien Régime est en fait extrait de ma grande série consacrée à l’affaire de la Bête du Gévaudan. Je renvoie ainsi les passionné(e)s de grandes énigmes historiques vers cette vaste fresque documentaire sur l’histoire incroyable (mais vraie) de cette célèbre « Bête dévorante » de l’histoire de France. Une histoire extraordinaire qui, loin d’une simple légende, a fait plus d’une centaine de morts dans le territoire correspondant à l’actuel département de la Lozère, et a profondément marqué les mémoires des paysans de ces hautes et rudes terres du Massif central à la croisée du Languedoc et de l’Auvergne (affaire où la question de l’ancienne organisation territoriale et administrative de la France d’Ancien Régime fut d’ailleurs centrale !).

L’histoire extraordinaire d’un fait divers devenu haute affaire d’État, et qui aboutira notamment à l’organisation des plus grandes battues de l’histoire du Monde jamais réalisées contre un animal féroce.

L’histoire extraordinaire de trois années de terreur paysanne et de cauchemar grandiose constituant la plus grande énigme du règne de Louis XV, et qui a traumatisé tout un territoire comptant alors parmi les provinces les plus pauvres et les plus reculées du royaume de France (et dont la Bête est devenue l’emblème).

Une histoire extraordinaire qui, au-delà de la résolution du mystère, a également beaucoup à nous apprendre sur la société et la France de l’Ancien Régime, entre crépuscule de la Royauté et montée en puissance des Lumières, entre condition et vie paysannes dans les hautes terres et quotidien de Cour, ainsi que sur l’histoire et la géographie d’une région d’une sauvage beauté, et qui correspond aujourd’hui globalement au département de la belle et secrète Lozère…

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