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L’Empire des Habsbourg, le grand ennemi héréditaire de la France à l’époque moderne

De la fin du XVe siècle au début du XIXe siècle, l’Europe a, pour ainsi dire, vécu dans la rivalité entre la maison des Habsbourg et les monarques Bourbons au pouvoir en France depuis Henri IV. Première puissance européenne à partir du milieu du Moyen-Âge – et qui alors ne manquait déjà pas d’ennemis proches (Angleterre, Sarrasins,…), le royaume de France a en effet souffert, durant tout la période de la Renaissance et de l’Ancien Régime, de l’émergence et montée en puissance de cette nouvelle grande puissance continentale qu’a incarnée la famille royale des Habsbourg, bientôt maîtresse incontestée du vaste Saint-Empire romain germanique.

Au début de l’époque moderne, par une politique de mariage très soutenue (et très efficace), la dynastie habsbourgeoise se met en effet à littéralement encercler de ses possessions une France qui vient tout juste de se débarrasser de l’occupant anglais, faisant rapidement de cette grande Monarchie autrichienne le nouvel ennemi n°1 des souverains Valois puis Bourbons successifs. De François Ier à Louis XV, la lutte contre l’« ennemi héréditaire Habsbourg » va ainsi constituer lalpha et l’oméga de la politique extérieure de la France.

Cette grande rivalité franco-habsbourgeoise, qui a structuré la géopolitique européenne durant près de trois siècles, finit cependant par être dépassée au début du XVIIIe siècle, moment où la France parvient à briser définitivement l’encerclement en privant les Habsbourg de leur grande Couronne d’Espagne. Il est vrai qu’il était temps, car la montée en puissance d’un autre de ses grands voisins mobilise désormais toute l’attention d’une France que Louis XIV a érigé au rang de première puissance continentale d’Europe. Ce nouveau grand rival de la France ? Il n’est autre que son plus vieil et éternel ennemi, une certaine Angleterre…


Le “domaine Habsbourg” à l’époque moderne : un Empire sur lequel « le soleil ne se couchait jamais »

Durant plus de cinq siècles (c’est-à-dire du Haut Moyen-Âge jusqu’à la dissolution de la monarchie après la Première Guerre mondiale), les Habsbourg ont dirigé un Empire expansif et évolutif. Un Empire qui comprit, à plusieurs reprises, l’immense Saint-Empire romain germanique, le stratégique Empire espagnol (et ses riches colonies), ainsi que plus durablement, les grandes régions de l’Europe centrale correspondant à l’Autriche, la Bohême et la Hongrie (et qui constituaient l’épicentre de son territoire et de son pouvoir).

Dès le milieu du XVIe siècle (1547), la maison des Habsbourg règne déjà sur un empire considérable ! Pays-Bas Espagne, Italie, Sicile, Sardaigne, Croatie, Autriche, Bohème, Moravie, Hongrie, Pologne, Roumanie, Franche-Comté… : autant de régions ou pays actuels alors possessions patrimoniales de la plus puissante famille royale d’Europe, dont le pouvoir et la richesse croissantes ne pouvaient ainsi qu’inquiéter le grand royaume de France..

Ce faisant, en plus de détenir les terres héréditaires autrichiennes, la dynastie des Habsbourg a régné sur les Pays-Bas (1482–1794), l’Espagne (1504–1700) et le Saint-Empire romain germanique (1438–1806). Un palmarès d’autant plus impressionnant et remarquable que la plupart de ces territoires ne furent pas historiquement conquis par la guerre, mais par la diplomatie et le mariage – comme en témoigne bien d’ailleurs la devise royale des Habsbourg :

« Que les autres fassent la guerre, toi, heureuse Autriche, contracte des mariages,
Car les royaumes que Mars donne aux autres, c’est Vénus qui te les assure » (traduction).

JUAN CARLOS D’AMICO, ALEXANDRA DANET, « 1. Les Habsbourg : une maison autrichienne cosmopolite » (DANS CHARLES QUINT (2022), pages 17 à 23).

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L’encerclement de la France par l’Empire Habsbourg

Un autre excellent « Épisode d’Histoire » consacré à la rivalité franco-habsbourgeoise, et aux raisons pour lesquelles la France l’a finalement emporté sur son adversaire pluriséculaire depuis François Ier et Charles Quint… !

Si la puissance habsbourgeoise relève moins (à la différence de la France) d’un grand royaume centralisé et unifié, que d’une vaste mosaïque de possessions territoriales à la géographie fluctuante, le visionnage d’une simple carte suffit à éclairer l’inquiétude que l’Empire Habsbourg pouvait susciter chez les monarques du royaume de France. En effet, il convient de souligner combien les possessions séculaires des Habsbourg (Autriche, Espagne, Pays-Bas, Allemagne, Italie du Nord,…) avait cette fâcheuse caractéristique de se positionner en situation d’immédiat voisinage avec la France des Bourbons (voire à l’intérieur-même des frontières considérées comme « naturelles » du royaume, dans les cas par exemple de la Lorraine et de la Franche-Comté). Une France à qui l’expansion des Habsbourg en Europe occidentale au cours de l’époque moderne donnera donc vite le sentiment de se retrouver encerclée, ne manquant pas de conduire ce faisant à des siècles de tensions frontalières entre les deux puissances.

De 1514 à 1795, les anciens territoires bourguignons des Pays-Bas (l’une des régions les plus riches et les plus stratégiques d’Europe) appartiendront successivement aux branches espagnoles puis autrichiennes des Habsbourg, contribuant sensiblement à la sensation d’encerclement de la France. Traditionnelles alliées de la Grande-Bretagne, et indépendantes à partir de la fin du XVIIe siècle, les territoires des Provinces-Unies (actuelle Hollande) maintiendront par ailleurs leurs liens avec la dynastie autrichienne, qui leur autorisera ainsi la garnison de nombreuses forteresses (appelées la « Barrière ») visant à prévenir toute invasion du grand voisin français…

À demi maritime et à demi continentale, la France est sollicitée de toute part par des ambitions et des nécessités qui s’opposent. Elle adhère par un large front à l’Europe centrale ; elle s’incorpore à la masse continentale, comme une statue encore engagée dans le marbre ; elle est posée à tous les remous qui agitent sans trêve le monde germanique. Des Ardennes à Dunkerque, la plaine s’ouvre aux invasions. Vingt fois, cent fois, l’ennemi est passé par là. Presque à chaque colline et presque à chaque ville est attaché le souvenir d’une bataille ou d’un siège. Sur le sol même semble s’inscrire une politique, politique de frontières, de sécurité, de protection contre les Impériaux. Mais par Strasbourg, la France participe aussi à la vie du Rhin. Alors que des Vosges à la Loire, rivières et routes convergent vers Paris, la plaine alsacienne orientée du sud au nord est le trait d’union entre l’Italie, les cantons suisses et les pays nordiques. Par sa langue, par ses coutumes, par son système juridique, par la manière dont elle a été réunie à la couronne, elle forme, dans l’autre sens, la transition entre la latinité et la Germanie. La France s’insinue par elle dans le corps de l’Empire : en même temps qu’ils ont transféré à Louis XIV les droits de l’Empereur sur l’Alsace, les traités de Westphalie [les célèbres traités qui mettent fin à la guerre de Trente Ans et instaure un nouvel ordre géopolitique européen appelé le « système westphalien », NDLR] n’ont-ils pas fait du Roi le protecteur des libertés germaniques, le tuteur des Allemagnes divisées ? […] Il faut y insister : c’est sur terre que la France a joué son existence. Fermer à l’envahisseur le chemin de Paris, tel a été le premier principe de sa politique.

Pierre Gaxotte, Le siècle de Louis XV, pp. 191-192

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Trois siècles d’intense rivalité franco-habsbourgeoise pour l’hégémonie européenne

Au-delà de cette guerre des frontières, la rivalité entre la France et les Habsbourg se nourrit aussi profondément du désir de chacun de dominer l’Europe. Cette volonté d’hégémonie continentale des deux puissances se trouve aux racines de conflits aussi variés que la guerre de Succession de Bourgogne (1477-1482), les guerres d’Italie (1494-1559), la guerre de Trente Ans (1618-1648), la guerre de Neuf Ans (1688–1697), et durant le XVIIIe siècle, les guerres de succession d’Espagne (1700–1713), de Pologne (1733–1736) puis d’Autriche (1740–1748).

Cette rivalité franco-habsbourgeoise fut en outre longtemps couplée pour la France à celle que cette dernière entretenait parallèlement avec l’Angleterre – la plus structurante et la plus ancienne de tous pour le Continent. Cette situation de double-rivalité pour la France structurera durant des siècles la géopolitique européenne et le jeu des alliances et, de la fin du XVe siècle au début du XIXe siècle, l’Autriche des Habsbourg et l’Angleterre se démarqueront comme les plus traditionnels alliés au sein de chaque grande guerre continentale impliquant la France (en même temps que les plus fidèles ennemis et obstacles à la tentation – et souvent situation – d’hégémonie continentale de cette dernière !).

Au début du XVIIIe siècle, bien qu’elle ait réussi à le grignoter ici et là de ce qu’elle considère comme faisant partie de ses territoires « naturels » (Artois, Charolais, Roussillon, Franche-Comté,…), la France continue sans surprise de se sentir encerclée et menacée par l’Empire Habsbourg, qu’elle ne manque pas une occasion d’essayer d’affaiblir… !

En aparté : ce qu’était (et n’était pas) le Saint-Empire Romain Germanique (962-1806)

Arf, expliquer simplement et rapidement ce qu’était le Saint-Empire romain germanique, quelle punition pour en avoir parlé… ! Nous pourrions commencer par rappeler les célèbres mots de Voltaire soulignant que le Saint-Empire n’était « ni romain, ni germanique, ni même un empire » … mais sommes-nous guère plus avancé ? (encore que…)

Pour faire simple, le Saint-Empire était une sorte d’institution d’Europe centrale ayant existé entre 962 et 1806 (date de sa dissolution par Napoléon – nous y reviendrons), et ayant pris des formes diverses durant ses près de mille années d’existence. Ayant englobé des régions aussi variées que les Pays-Bas, l’Autriche, l’ouest de la Pologne, la Bohème, le Nord de l’Italie, et peu ou prou tous les territoires de l’Allemagne actuelle, le Saint-Empire n’en était pas pour autant un État « classique » ou même une fédération d’États. Nous pourrions davantage le voir comme un « méta-État », un « club », quelque chose entre une fédération politique et une énorme institution territoriale liant, au travers d’intérêts et d’accords (géo)politiques et militaires, tout un ensemble de petits à moyens et grands États du centre de l’Europe (situés globalement entre la France et la Pologne actuelles).

La fondation du Saint-Empire résulte plus ou moins directement de la partition du vaste Empire carolingien entre les trois fils de Charlemagne ; partition entérinée par le célèbre traité de Verdun de 843. On peut le voir comme la volonté de l’Église de redonner corps au principe d’existence d’un « Empire romain d’Occident », après l’effondrement de celui-ci au Ve siècle au moment des « Grandes Invasions ». Si Charlemagne avait déjà été sacré « Empereur » par le Pape en l’an 800 – rétablissant ainsi le principe d’un « Saint-Empereur romain d’Occident », les troubles que connaissent la partie occidentale de son ancien empire (la « Francie occidentale ») autorise le germain Otto Ier (roi de Francie orientale) à être couronné en 962 Saint-Empereur romain germanique par le Pape, fondant ainsi ce qui constituera durant près de 1 000 ans la plus importante monarchie d’Europe. Le Saint-Empire connaîtra son apogée au début du XIIe siècle, à l’époque de la dynastie Hohenstaufen (apogée territoriale correspondant à la carte observable ci-dessus, et où figurent également les territoires du royaume de Sicile).
Alphathon, via Wikimedia Commons)

Un petit article de la cartothèque du blog sur la partition de l’Empire carolingien, pour les intéressé(e)s !

Tous les différents États du Saint-Empire (qui en comptait des centaines et des centaines !) participaient à l’élection de leur « Empereur » (empereur dont le titre, certes prestigieux, ne s’accompagnait pas véritablement de pouvoirs réels – et était surtout honorifique).

En cas d’attaque de l’un de ses membres, chaque État demeurait libre de décider de sa contribution à la défense de l’Empire : envoi de troupes, concours financier,.. (voire aucun des deux), ce en vertu d’accords établis directement entre l’État concerné et la Couronne impériale. Car en effet – et c’est là toute la singularité de la « chose » impériale, les États du Saint-Empire demeuraient des États indépendants, qui décidaient de leur propre politique extérieure, adossée à leur propre organisation militaire, et selon leur propre système légal. Et force est de constater que ces énergies se virent historiquement moins orientées vers l’extérieur que vers l’intérieur-même du Saint-Empire, théâtre de nombreuses guerres au cours des siècles (et notamment de la grande guerre de Trente Ans, la plus terrible série de conflits armés des célèbres « guerres de religion » qui embrasèrent l’Europe du XVIIe siècle ; une guerre de Trente Ans d’ailleurs considérée comme la première « Der des Der » par ses contemporains).

Je renvoie les intéressé(e)s de davantage d’informations sur la guerre de Trente Ans et son histoire vers, une fois n’est pas coutume, la remarquable chaîne Sur le champ et son excellent épisode sur le sujet !

Ce faisant, et malgré l’existence de 350 principautés allemandes au sein du Saint-Empire, il ne faut pas en tirer la conclusion pour autant que ce dernier ne constituait pas une réalité géopolitique avec laquelle il fallait compter au XVIIIe siècle. En effet, dans la mesure où la Diète du Saint-Empire (son organe politique central) a le droit de déclarer la guerre et de signer la paix, le Saint-Empire continue d’incarner un acteur central des relations internationales, et pèse toujours considérablement dans le jeu politique européen. Si la plupart de ses principautés (États membres – Autriche, Bavière, Saxe, Prusse, etc.) bénéficient de leur propres armées permanentes, l’Empire germanique dispose également de sa propre armée : l’armée des Cercles, composée de contingents fournis par les différents princes (généralement ceux des Petits États peu à même de se défendre par eux-mêmes). Le Saint-Empire dispose également d’une politique commune, portée par l’Empereur et représentée à l’étranger par ses différents résidents et ambassadeurs. Aussi ses différents États membres, s’ils gardent la latitude de pouvoir développer des politiques diplomatiques autonomes (comme les y autorisent les traités de Westphalie), doivent-ils s’inscrire en conformité avec cette dernière, au risque de voir leurs dirigeants mis au ban de l’Empire (une déclaration de guerre officielle de la Diète par exemple, oblige les princes concernés à rompre avec la puissance étrangère devenue l’ennemi commun, sous peine d’exil et de spoliation de leurs biens patrimoniaux).

Avec la Diète de Ratisbonne, l’Empereur, à condition de respecter les usages et les libertés germaniques, possédait encore une réelle autorité et un prestige certain, tant à l’étranger qu’auprès de ses vassaux et de ses arrière-vassaux. Sans dignité impériale, la monarchie [autrichienne] n’était plus qu’une puissance moyenne d’Europe centrale, guère plus prestigieuse que la Prusse ou la Pologne. […] Ratisbonne demeure un haut lieu de la diplomatie et de l’espionnage européens et la France ne manque d’y accréditer un représentant, souvent un diplomate talentueux. […] Le gouvernement français ne se contentait d’ailleurs pas d’envoyer des représentants à Vienne, auprès de l’Empereur […] et à Ratisbonne auprès de la diète germanique, il se faisait représenter dans la plupart des capitales allemandes.

Jean Meyer et Jean Béranger, La France dans le monde au XVIIIe siècle, pP. 34,35 et 161

Bien que constitué en premier lieu de centaines de petits États allemands, l’histoire contemporaine du Saint-Empire a beaucoup à voir avec celle de l’Autriche et des Habsbourg. Cette grande maison souveraine originaire de l’actuelle Suisse allemande (et qui règne depuis la fin du XIIIe siècle sur le puissant duché autrichien), est en effet connue pour son arrivée à la tête du Saint-Empire en 1452 – date à partir de laquelle la lignée des archiducs d’Autriche occupera ensuite continuellement le statut d’empereur de la superstructure européenne.

Cette grande famille habsbourgeoise (à laquelle nous consacrerons un encadré propre un peu plus loin), en plus de ses autres possessions européennes, règnera durant près de quatre siècles sur le Saint-Empire ; période où elle aura à gouverner (et à survivre) à tout un ensemble de grands événements sociaux et politiques qui affecteront structurellement l’Empire germanique (Peste Noire et la crise démographique et économique considérable qu’elle génèrera dans l’Europe entière, Réforme et naissance du protestantisme, guerres de religion, naissance du capitalisme dans les cités hanséatiques et de l’Italie du Nord,…).

Si ces événements se traduiront par des dizaines de réformes qui amélioreront substantiellement son organisation, le Saint-Empire du XVIIIe siècle, malgré ses presque 30 millions d’habitants (faisant de lui la première puissance démographique d’Europe), demeure toutefois une mosaïque d’États morcelés, peu lisible, et traversée par de profondes rivalités, toujours plus prégnantes au fil des siècles (particulièrement entre les grandes puissances continentales et régionales qui le composent – Autriche, Bavière, Saxe, Prusse, Hanovre,…).

Carte du Saint-Empire romain germanique à la veille de la Révolution française de 1789
Le manque d’unité et de cohésion du Saint-Empire (bien visible sur cette géographie de l’institution à l’issue des traités de Westphalie, au milieu du XVIIe siècle) ont toujours rendu celui-ci extrêmement vulnérable aux invasions étrangères (particulièrement du grand voisin et rival français..).
ziegelbrenner, via Wikimedia Commons)

De sa fondation en 962 à sa dissolution en 1806, le territoire du Saint-Empire aura beaucoup évolué. Ayant au départ pour matrice le regroupement de deux des divisions de l’Empire carolingien (la Francie orientale et la Francie médiane – devenue ensuite la Lotharingie), le Saint-Empire connaîtra son apogée territoriale au XIe-XIIe, moment où il s’étend de la mer du Nord aux Etats pontificaux, et du Rhône à la Pologne. Après la perte de l’Italie au Moyen-Âge, le Saint-Empire se verra progressivement grignoté par la France, dont les rois s’emparent les uns après les autres des territoires impériaux limitrophes de leur royaume (Dauphiné et Provence à la fin du Moyen-Âge, puis Franche-Comté, Alsace et Lorraine à l’époque moderne). Il perdra également le contrôle des Pays-Bas à la suite de la création des Provinces-Unies en 1581, l’Empire se rétractant ainsi peu à peu sur les territoires de langue allemande.

Malgré sa formidable puissance (démographique, politique, économique), le Saint-Empire demeure ainsi un tigre de papier, structurellement inéquipé pour faire face à une attaque directe. Et effectivement, le Saint-Empire ne résistera pas à l’expansionnisme d’une France républicaine puis impériale dirigée par un certain Napoléon Bonaparte. Consul puis Empereur des Français qui infligera ainsi à l’Empereur autrichien (dans le cadre des guerres de Coalitions) une série de grandes défaites au début des années 1800, avant d’appeler à une dissolution pure et simple du Saint-Empire – acceptée par l’Autriche et effective en 1806.

Bien qu’imposée par la France de Napoléon (et résonnant comme une grande révolution géopolitique dans l’Europe d’alors), la dissolution de l’institution européenne millénaire constitua probablement également une forme de soulagement pour l’Autriche – qui ne voyait plus de toute façon comment défendre cet imposant magma étatique. Délivré de la contrainte sainte-impériale, l’archiduc Francis Ier devient ainsi en 1806 l’empereur d’une Autriche désormais pleinement indépendante, et qui figurera jusqu’au bout l’un parmi les plus irréductibles ennemis des ambitions napoléoniennes (contre lesquelles elle jettera toute ses forces). Mais c’est une autre histoire… 😉


Pour aller plus loin… 🔎🌎

Ce petit épisode de la série des « Il était une fois… » du blog sur lancien Empire des Habsbourg et sa longue rivalité avec la France est en fait extrait de ma grande série consacrée aux origines de la guerre de Sept Ans (1756-1763). Si le sujet de l’histoire moderne de l’Europe et du monde ainsi que des grandes périodes charnières de l’Histoire vous intéressent, je vous oriente ainsi vers la découverte de cette riche série documentaire traitant de cet immense conflit, considéré par de nombreux historiens comme l’une si ce n’est “la” première guerre véritablement «mondiale » de l’Histoire. Un conflit qui débutera (et se propagera) en effet dans l’ensemble des empires coloniaux du monde, lui conférant ainsi une dimension planétaire et maritime inédite.

Une guerre constituant en outre le plus grand choc de l’intense conflit global qui opposera tout au long du XVIIIe siècle la France et la Grande-Bretagne pour la domination (de la mondialisation) du monde ; une suite ininterrompue de conflits, de Louis XIV à Waterloo, d’ailleurs qualifié de « Seconde guerre de Cent Ans » par certains historiens. Une passionnante série d’articles en forme de grande fresque historique, qui vous portera ainsi des Grandes Découvertes à la chute du Canada et des Indes françaises, et de la fondation des grandes empires coloniaux européens outremers et de la naissance de la mondialisation maritime et de la globalisation économique à l’émergence du capitalisme, du libéralisme et plus globalement d’un nouvel ordre mondial caractérisé par l’hégémonie planétaire britannique (sur les plans maritime, colonial, économique, culturel, géopolitique, etc.). Une grande série qui vous amènera aussi à mieux comprendre tant les racines de la guerre d’Indépendance américaine que celles de la Révolution française et des guerres napoléoniennes ; autant d’événements qui structureront décisivement notre monde contemporain !

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Et sinon, pour les intéressés et autres curieux, vous pouvez prendre connaissance de tous mes articles, (photo)reportages, récits de voyage, documentations et cartes liés plus globalement à l’histoire et à la géographie de l’Europe, ainsi qu’à celles des anciens grands empires de l’Histoire, en consultant les rubriques du site spécifiquement dédiées à ces domaines (accessibles ici : catégorie « Anciens empires » et catégorie « Europe »).

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